Le délégué départemental du Tourisme et des Loisirs de l’Océan donne son avis sur l’activité du tourisme sexuel à Kribi.
L’Action : Quel est le regard que vous portez sur la pratique du tourisme sexuel à Kribi ?
Laurence Chantal Abang Assam : je ne voudrais pas parler de tourisme sexuel, mais plutôt de prostitution. Depuis un certain nombre d’années, cela va grandissant dans cette ville touristique où il y a un peu de tout. Les parents ne font pas totalement leur travail. Nous parents, devons accompagner nos enfants. Nous savons qu’il y a la pauvreté, des familles nécessiteuses, les difficultés de trouver un emploi, mais nous ne pouvons pas encourager nos petites filles et garçons à se lancer dans cette voie jugée très facile parce que l’on a faim. Ces petits qui se livrent à cette activité ne le font toujours parce qu’ils le veulent. Parfois c’est le parent qui les pousse parce qu’ils ont faim. Nous combattons cela comme nous pouvons. Nous devons nous rapprocher des associations qui combattent ce fléau.
Quelles sont les dispositions que vous prenez pour lutter contre ce fléau ?
Depuis le 15 septembre 2016, jour de ma prise de service dans ce département, mon combat est celui-là parce que les hôtels sont des endroits où il se passe beaucoup de choses. Je continue à interpeller les promoteurs des hôtels pour qu’ils n’acceptent pas dans leur structure un certain genre de clients. Ils peuvent accepter tout le monde sauf les mineurs d’un certain âge. Non ! Je veille, je suis une déléguée urgentiste sur le terrain et donc je vérifie cela au quotidien. Je fais des tours des hôtels, mes collaborateurs et moi vérifions qui entre, qui sort, les statistiques hôtelières. Et chaque fois qu’on nous a signalé ce genre de cas, je suis descendue sur le terrain interpeller le promoteur et le client, le touriste et la mineure. Très souvent cela se solde par la mise au vert du touriste et puis l’interpellation des parents de la mineure. C’est ma bataille au quotidien, je n’accepte pas cela. Et quand c’est plus fort que moi, je signale au niveau du préfet et il prend la relève. Certains responsables de ces structures nous signalent ces problèmes.
Ce phénomène ne joue-t-il pas contre le tourisme ?
Non pas du tout. Parfois ce sont ces filles qui vont vers les touristes. Les touristes viennent pour découvrir les splendeurs de cette zone.
Comment éradiquer ce phénomène ?
Nous devons interpeller les parents, les autorités, les enfants eux-mêmes. Aller vers les familles et leur dire qu’il n’y a pas que le sexe qui nourrit. Il faut continuellement sensibiliser, ne pas baisser les bras et tous ensemble on peut mettre fin à cette pratique