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L'Editorial

Le miracle de la foi

Le Cameroun affronte le Maroc ce soir à Limbe, dans le cadre des demi-finales du CHAN 2021. Les Marocains, vainqueurs de la dernière édition, partent naturellement favoris de cette confrontation. Quel que soit le résultat de la rencontre, les Lions A’ ont déjà déjoué tous les pronostics, au regard de leurs contre-performances durant la phase préparatoire. Alors que le championnat Élite One est interrompu depuis bientôt un an et qu’ils accumulaient des revers et suscitaient des inquiétudes, surtout sur le plan offensif, personne ne vendait cher leur peau. Leur qualification pour les demi-finales constitue donc déjà en soi une sacrée performance et un pied de nez à leurs détracteurs.
Ce parcours devrait surtout servir de leçon aux dirigeants du football camerounais qui s’égarent dans des querelles et des intrigues interminables depuis des temps immémoriaux, alors que le sport-roi se meurt. Dans ce contexte, les résultats inespérés des joueurs sur le terrain sonnent comme un cri de détresse et résonnent comme un appel à l’humilité et à la raison. Les responsables sont ainsi interpellés afin qu’ils ne continuent pas à croire que l’essentiel du football se joue dans les bureaux. Qu’ils comprennent une fois pour toutes que même si la conception, la préparation et la planification des rencontres commencent dans les bureaux, c’est bel et bien dans les stades, en short, maillot et crampons, et avec un ballon, que les matches se jouent et se gagnent. Les victoires sur tapis vert ont presque toujours un goût amer.
Le Cameroun est donc en demi-finales de son CHAN. Le mérite en revient d’abord aux joueurs qui, avec le soutien d’un public inconditionnel, semblent animés et transportés par une foi digne de celle des charbonniers. Ce miracle de la foi de toute une équipe et du staff technique explique le parcours de ces joueurs qui n’avaient pas les faveurs des pronostics au début de la compétition. Qu’ils aillent au bout de leurs efforts, se qualifient pour la finale et remportent le trophée serait le nec plus ultra et une superbe feinte à tous ceux qui ne croyaient pas en eux. Cependant, une telle issue espérée et souhaitée par de nombreux supporters ne devrait pas être l’arbre qui cache la forêt d’un football camerounais mal en point dans son organisation et son fonctionnement. En aucun cas, une victoire finale ne saurait constituer une prime à l’inorganisation et à l’improvisation. Quel que soit le chant qui sera entonné à l’issue du CHAN, celui de la victoire ou de la défaite, il faudra bien que la balle soit remise au centre du terrain et que la priorité du football camerounais revienne au jeu et aux joueurs et non aux intrigues des couloirs de la FECAFOOT.

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