A l’occasion de la journée mondiale de la forêt 2021 ce 21 mars, l’Est pose le diagnostic du renouvellement de cette ressource pour la vie.
L’espèce humaine doit sa vie grâce à la nature, qui lui procure tout ce dont il a besoin. A cet effet, l’urgence d’une gestion saine et durable s’impose. Pourtant, il est difficile de concevoir une vie sans une incidence sur la nature, parce « L’espace naturel est le jardin par excellence qui procure à l’homme l’essentiel de la ressource pour son épanouissement ». Eugen Khristopher (1879-1945), chercheur allemand et environnementaliste indiquait déjà en son temps, la question au regard des fluctuations climatiques en Europe. Une problématique aujourd’hui actuelle dans tous les discours, et dont la manifestation est en ce moment un sujet de préoccupation mondiale. Dans la région de l’Est, les effets du changement climatique dus à l’exploitation forestière à outrance, aux mauvaises pratiques culturales, ont progressivement laissé la place au désert qui avance à pas de géant. D’où ce cri qui vient de la forêt, pour une gestion durable de cet espace vital. Mgba Adalbert, paysan de Moloundou dans la Boumba et Ngoko a les larmes aux yeux lorsqu’il indique : « Nous subissons déjà les effets du changement climatique, alors que nous sommes en pleine zone forestière. Les saisons sont devenues instables, au point où on ne sait plus comment nous comporter pour nos activités agricole ». Rosalie Mezene de Ndélélé dans la Kadey ajoute à ce sujet : « Nous avons grandi ici sous les arbres. Mais aujourd’hui, notre espace de vie est de plus en plus élagué de ses arbres sous lesquels on allait ramasser une bonne partie des vivres ont disparu de nos jours ». La problématique de la pharmacopée traditionnelle, de l’eau, de la santé, de l’environnement se pose, ainsi que la disparition de certaines essences forestières rares dont les vertus médicinales ont fait leurs preuves.
Aubert Roméo Mpoack, délégué départemental de l’agriculture et du développement rural de la Kadey à Batouri indique : « La question de la préservation de nos écosystèmes en général relève des stratégies économiques qu’il faut mettre en place. Toutefois, il me semble important de faire savoir que les techniques culturales aujourd’hui ont beaucoup évolué. C’est notre rôle au quotidien d’encadrer les paysans et de les accompagner pour qu’ils préservent la forêt qui est notre espace de vie ». La question économique de nos Etats se pose ainsi, tant il est vrai que l’une des richesses depuis l’époque coloniale reste le bois qui, au fil des ans, disparait petit à petit. Jombe Esdras de la société civile lance un appel en direction des pouvoirs publics pour une véritable politique de gestion de cet espace vital. Pour lui : « Il est aujourd’hui incompréhensible que l’Etat n’ait pas pu mettre la pression sur ces centaines d’entreprises qui ont longtemps exploité nos forêts et inciter celles-ci les reboiser ». Si tout le monde semble être unanime sur une planification plus fonctionnelle et motivée dans la gestion de la forêt, objet de toutes les attentions aujourd’hui, il n’en demeure pas moins vrai que le citoyen ordinaire qui y vit a sa part de responsabilité.
martin Crepin Mekok