Bloqués à Garoua-Boulaï et à Kentzou à cause des affrontements armés, le trafic est reparti de plus belle, grâce aux mesures sécuritaires prises par la Rca.
C’est une véritable bouffée d’oxygène qu’ont poussé les autorités et les habitants de Bangui, depuis que les approvisionnements du pays ont repris il y a environ un mois, sous forte escorte militaire. Les pénuries artificielles ou réelles, sources de flambée de prix, observées sur place sont résorbées au fur et à mesure par les mécanismes de l’offre et de la demande. Et le sourire est revenu autant sur le visage des commerçants que sur celui des consommateurs ; sans oublier les pouvoirs publics qui voyaient le pays suffoquer peu à peu, à cause de ce blocus total.
N’ayant pas de façade maritime en effet, c’est par Douala que transitent 90% des marchandises consommés dans ce pays très enclavé. Depuis la crise sécuritaire liée à la dernière élection présidentielle, les mouvements rebelles ont décidé d’asphyxier la capitale en coupant toute source d’approvisionnement du pays en blé, farine, riz, huiles végétales, savons et détergents, gaz, sucre, sel carburant, appareils électroniques, friperie…Au total, c’est plus d’un million de tonnes de marchandises qui sont acheminées à Bangui par an, grâce à ces rotations. Avant l’acheminement d’une partie de ces cargaisons dans les autres principales villes du pays.
Pendant plus d’un mois d’inactivité, plus de 1000 camions affrétés ont ainsi été bloqués sur place du fait de ces bandes armées. Selon certaines sources, en un mois d’immobilisme, l’on évalue les pertes à plus de 3 milliards Fcfa. Cette évaluation n’étant pas encore définitive, il reste à déterminer exactement les dommages créés par l’immobilisation des camions et la détérioration de nombreuses denrées alimentaires périmées sur place durant cette période de crise, au cours de laquelle les autorités ne savaient plus à quel saint se vouer.
En attendant cependant le retour définitif à la normale et la fin des menaces sur la vie des camionneurs et leurs collaborateurs, ce sont les éléments de la Mission des Nations unies pour la Centrafrique(Minusca), les Forces armées centrafricaines et les forces militaires alliées du pays, qui escortent les camions jusqu’au pk 12, à l’entrée de Bangui. Toutefois, ces frais d’escorte qui s’élèvent selon certaines sources à 50 000 Fcfa à l’entrée comme à la sortie du pays, risquent de doucher l’enthousiasme du Bureau de gestion du fret terrestre (Bgft) et du Syndicat national des transporteurs routiers du Cameroun(Sntrc). Raison pour laquelle certaines voix s’élèvent déjà pour que les autorités des deux pays interviennent d’après les conventions statutaires de fret entre le Cameroun et la République centrafricaine, pour la diminution de ces frais d’escorte, à défaut de leur suppression pure et simple.
Claude MPOGUE