C’était l’un des premiers films muets de l’histoire du cinéma avec Charlie CHAPLIN dit CHARLOT, dans le rôle principal. Le titre du film: l’arroseur arrosé. Avec ses gags et ses mimiques, l’acteur assurait le fou rire au spectateur. Hélas, ce qui se passe au Cameroun depuis la publication du rapport d’étape de la Chambre des comptes sur la gestion des fonds alloués à la lutte contre le covid-19 ne fait rire personne. Des « charlots » de la scène politique et de la société civile veulent nous proposer un remake à l’envers de l’arroseur arrosé. Le Président de la République, garant du bon fonctionnement des institutions et chantre de la rigueur et de la moralisation, a prescrit un audit pour voir clair dans la gestion de ces fonds par certaines administrations. De petits malins tentent aujourd’hui d’exploiter ce rapport provisoire contre son commanditaire. Dans un jeu qu’ils croient subtil mais qui est visible à l’œil nu, ils veulent retourner la charge contre le Chef de l’Etat et son gouvernement en leur intentant un procès avec de multiples chefs d’accusation. Le chasseur de malversations se retrouve pris en chasse par une meute particulièrement féroce; le lanceur d’alerte est dénoncé et condamné; le défenseur de l’intérêt général a à ses trousses toutes sortes de justiciers embouchant un peu trop vite les trompettes pour sonner l’hallali. Mais la ficelle est trop grosse voire grossière.
Heureusement, depuis des semaines, d’autres sons de cloche sortent du bois; des voix plus posées et sages se font entendre. Pour ces voix porteuses de sagesse et prônant la raison, celui qui a déclenché l’audit ne peut et ne doit pas être éclaboussé par sa propre initiative. Aussi, après le ministre de la communication qui demandait aux médias d’informer objectivement l’opinion publique sans verser dans le sensationnel, le Président de l’assemblée nationale a-t-il également mis en garde contre les dérapages liés au traitement de cette actualité. À l’ouverture de la session parlementaire de juin Cavaye Yeguie Djibril a demandé aux Camerounais d’attendre dans la sérénité les conclusions des investigations: « n’allons pas vite en besogne. Évitons tout lynchage à travers les médias et autres réseaux sociaux, au risque d’exposer certains citoyens à la vindicte populaire. »
Dans un registre plus politique, le secrétaire général du comité central a publié un communiqué hier dans lequel il « réaffirme le soutien total et sans réserve de la grande famille du RDPC au Chef de l’Etat dans sa détermination à faire toute la lumière sur les malversations relevées dans la gestion des fonds publics destinés à la lutte contre la pandémie du coronavirus. » La majorité des Camerounais espèrent et souhaitent effectivement que la lumière soit faite sur ce dossier et que justice soit rendue. Rien ne dit que d’autres acteurs ne cherchent pas, au contraire, à plonger le dossier dans l’obscurité la plus opaque. Quoi qu’il en soit, la lumière se fera et on devrait voir plus clair dans cette affaire qui a pris des allures d’un feuilleton.