Il fallait s’y attendre! La bête était à peine blessée que les vautours et charognards tournoyaient déjà dans le ciel alors que les hyènes et autres éboueurs de la jungle accouraient ventre à terre pour l’assaut final, alléchés par les traces de sang et se pourléchant les babines à la seule idée du festin. Peu importe si les blessures sont superficielles et que la bête soit encore solide sur ses quatre pattes. Les chasseurs et leurs accompagnateurs ont décidé de sa mise à mort et sonnent l’hallali à cor et à cri. Voilà à peine caricaturé le triste sort du RDPC qui boucle cette semaine sa longue et délicate opération de renouvellement des bureaux de ses organes de base. Des incidents et des dérapages enregistrés çà et là dans quelques localités ont tôt fait de sortir les loups de leurs bois et dans un unanimisme aussi déconcertant que sidérant, tous ou presque accablent le RDPC et le traitent de tous les noms d’oiseaux. Aucune retenue, aucun sens de la nuance ou de la mesure: à peine une quinzaine de sections sur 360 sont concernées par ces incidents et ces actes de violences mais on généralise, on amalgame, on jette l’anathème, on condamne sans jugement; les donneurs de leçons donnent de la voix et font entendre leur petite musique. Même les multirécidivistes en matière de vandalisme et les habituels casseurs y vont de leurs couplets! Ce n’est quand même pas au congrès du RDPC qu’un militant avait été tué par ses propres camarades!
La vie est ainsi faite; comparaison n’est pas raison; à chacun son tour chez le coiffeur! Les militants du RDPC qui se sont ainsi illustrés par le désordre, des actes de violences et des coups de sang n’auraient jamais dû perdre de vue qu’ils doivent en toutes circonstances donner le bon exemple. Être le parti leader comporte des honneurs et des droits, mais également des devoirs et des obligations, notamment en termes d’exemplarité, de rectitude, de tolérance, etc. Pour avoir oublié que la dynamique du pouvoir, à quelque échelle ou échelon que ce soit, peut contenir de la dynamite, ils embarrassent aujourd’hui le parti et ses dirigeants autant qu’ils ternissent son image.
Même si le RDPC n’a de leçon de démocratie, de patriotisme ou de civisme à recevoir de personne, ces débordements marginaux doivent néanmoins être condamnés avec vigueur et leurs auteurs sanctionnés avec la plus grande fermeté. Le Parti de Paul BIYA a su relever le défi de l’organisation au cours de cette opération de même qu’il a prouvé qu’il reste attractif auprès des Camerounais mais rien ne justifie ces dérives à l’occasion d’une élection interne. Dommage qu’une poignée de militants, avec l’aide de quelques infiltrés et brebis galeuses, aient cru devoir semer la zizanie à certains endroits en violant les textes encadrant l’opération. Dommage que des militants ne se maîtrisent pas et se laissent aller à poser des actes préjudiciables à l’honneur, à la dignité, à l’intérêt et à l’image du Parti. Ceux-là ont sans aucun doute confondu le but de l’opération pour l’ensemble des militants et le butin qu’ils pouvaient en tirer à titre individuel. Un butin pour des desseins strictement personnels et des destins essentiellement égoïstes. Ces comportements, qui ont tendance à se répéter et à se généraliser, devraient faire l’objet de la plus grande attention des instances dirigeantes afin d’être réduits à défaut d’être éradiqués. Le Parti n’a pas besoin de militants qui marquent contre leur propre camp.
Nonobstant ces dérives, le RDPC n’a pas à avoir mauvaise conscience quant à la manière dont l’opération a été menée dans l’ensemble. La majorité des nouveaux responsables élus démocratiquement et fidèles aux idéaux du Parti sauront mettre au pas, voire marginaliser ou neutraliser les mauvais éléments; les instances dirigeantes veilleront également à distinguer désormais le bon grain de l’ivraie. Moyennant quoi, fort de ce succès, fut-il entaché de quelques irrégularités, le RDPC peut envisager avec sérénité et fierté son Avenir et même son Futur malgré les sombres prédictions des oiseaux de mauvais augure. Le Futur sera et l’Avenir adviendra. Tout dépend du peuple des militants et de la masse des sympathisants: « un poulain qui naît dans une étable à côté d’une vache n’est pas un veau ». Le Parti, ses dirigeants et les populations sauront reconnaître les vrais militants de la première heure et les ouvriers de la dernière heure.