La liste conduite par le maire de la commune de Yaoundé 1er a bénéficié de la confiance de l’immense majorité des militants des 11 sous-sections du Mfoundi I. Récit d’un feuilleton électoral historique.
21 h 17 minutes ce dimanche 26 septembre 2021. Au quartier général du président-candidat Jean Marie Abouna sis au quartier Bastos, l’atmosphère est décontractée. Le stress et la pression retombent chez les membres de l’équipe chargée de suivre les opérations de vote dans les 11 sous-sections. Les premières tendances font de lui le vainqueur, sur son unique rival Dit Eteme Robert Décloquement. La messe est dite !
Cette victoire est l’épilogue d’une élection qui débute à 11 h 20 minutes, avec l’ouverture des 11 bureaux de vote répartis dans l’arrondissement de Yaoundé 1er. A la sous-section Nsas Ndjoana, les militant-électeurs des 32 comités de base, prennent d’assaut les quatre bureaux de vote logés au sein de l’école maternelle « Les Petits Lapins ». Par la suite, ce sont de longues files d’attente qui se forment sous une chaleur pesante, mais visiblement sans effet sur ceux-là, qui n’attendent que le moment indiqué pour mettre le bulletin dans l’urne. Au fur et à mesure que l’on s’achemine vers l’après-midi, le nombre des électeurs s’augmente, l’enthousiasme est grandissant. Et pour garantir la sécurité et la tranquillité du scrutin, quelques agents de police du commissariat voisin du 17ème arrondissement multiplient des va-et-vient, et jettent le cas échéant, un regard inquisiteur sur chaque attroupement.
15 h 57. Le président-candidat Jean Marie Abouna, qu’accompagnent quelques membres de son équipe, dont le candidat au poste de délégué à la communication Serge Williams Fotso et Fabien Ateba fait son entrée à l’école maternelle « Les Petits Lapins », où votent les militants de sa sous-section d’appartenance, pour accomplir lui aussi, son devoir militant et citoyen. C’est d’abord une salve d’applaudissements, puis une mobilisation autour de lui. Visiblement serein, l’homme se dirige vers l’un des bureaux de vote pour accomplir l’acte de citoyen. A la sortie de ce bureau, il calme les esprits surchauffés, avant de se confier à la presse. « Mon état d’esprit appelle à la sérénité, mon état d’esprit appelle à la démocratie », dit-il avant de rejoindre son quartier général, sous les regards admiratifs des militants et des anonymes curieux, qui se rappellent sans doute du scenario de la veille.
Samedi 25 septembre. Journée initialement prévue pour l’élection, est marquée par des troubles dans certains bureaux de vote. A la sous-section Nsas Njoana, dès 7 heures, des gros bras cadenassent le portail pour empêcher l’élection de se tenir. Le fondateur de l’école « Les petits Lapins », donne l’ordre aux superviseurs de l’élection de forcer le portail pour installer le matériel électoral. Ces gros bras décident d’entrer dans l’enceinte de l’école, créant de ce fait, une atmosphère d’insécurité permanente. Informés, la police et la gendarmerie ne se sont pas fait attendre. Au cœur des tensions et de l’attention des forces de maintien de l’ordre, l’invalidation par la commission électorale de section pour le Mfoundi I, d’une liste. Celle-ci n’avait pas respecté les dispositions de la circulaire du Président national relative à ces opérations de renouvellement, apprendra-t-on plus tard de la commission locale de renouvellement. Il s’agit de la liste conduite par Dieudonné Ngah Ayissi, conseiller municipal à la commune de Yaoundé 1er et candidat à la présidence du bureau de la sous-section Nsas Ndjoana. Interrogé sur ce qui se passe, le candidat souligne : « c’est une façon de manifester mon mécontentement », indique-t-il. Entre 12 et 13 heures, des sources dignes de foi indiquent que les élections n’ont également pas eu lieu dans les 10 autres sous-sections du Mfoundi I, et qu’une réunion de crise est convoquée par le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana, président de la commission départementale de contrôle des élections dans le Mfoundi.
Réunion de crise
Outre les membres de la commission locale de renouvellement que dirige le Sénateur Elie Victor Essomba Tsoungui, les têtes des listes Rdpc, Ofrdpc et Ojrdpc en compétition étaient présents. A savoir Jean Marie Abouna et Dit Eteme Robert Decloquement pour le Rdpc, Clementine Onambele Bindzi et Justine Djuiga épouse Fotso pour Ofrdpc, et Emmanuel Motso Pesseu contre Roger Tsala Eloundou pour l’Ojrdpc. « Un militant c’est comme un militaire, il lui est, formellement interdit de manifester », déclare d’entrée de jeu, le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana qui ne s’explique pas pourquoi on en est arrivé au blocage du processus électoral. Après avoir écouté les parties prenantes et établi les parts de responsabilité, le ministre demande aux protagonistes et particulièrement aux initiateurs du blocage à savoir Eteme, Justine Fotso et Tsala, de prendre l’engagement de veiller à assurer le bon déroulement du scrutin. Chose faite. Le lendemain, les électeurs se rendent aux urnes et choisissent librement Jean Marie Abouna, Clémentine Bindzi et Emmanuel Motso Pesseu pour conduire les barques Rdpc, Ofrdpc et Ojrdpc dans le Mfoundu I pour les cinq prochaines années, avec un score à la soviétique. Ce qui fait dire aux nombreux observateurs que « Abouna et ses colistiers n’ont pas fait que marcher sur leurs adversaires, ils ont quasiment marché sur l’eau, comme Jésus ».
Philippe GANFEH