La récente visite du Premier ministre chef du gouvernement, Joseph Dion Nguté, à Bamenda dans la région du Nord-ouest, a révélé une attitude blâmable d’une bonne partie de la presse camerounaise.
Les titres qui ont barré la « Une » de plusieurs journaux au lendemain du premier jour de la visite du Premier ministre à Bamenda étaient ahurissants. « Dion Nguté échappe à la mort » pour les uns, « Les Ambazozo traumatisent le PM » pour les autres, et pour d’autres encore « Le PM accueilli à Bamenda par des tirs », entre autres. Ces titres aussi sensationnels les uns que les autres, illustrent la réalité selon laquelle, le respect de l’éthique et de la déontologie que requiert la profession de journaliste, est loin d’être la vertu la plus partagée. En rappel, le chef du gouvernement a été mandaté par le président de la République pour évaluer la mise en œuvre des résolutions issues du grand dialogue national, dans le cadre du deuxième anniversaire de cet évènement historique Dion Nguté, a séjourné du 4 au 6 octobre dernier à Bamenda, le chef-lieu de la capitale régionale du Nord-ouest. À son arrivée, la chaleur de l’accueil était à la dimension du désir ardent des populations de cette partie du pays, à vivre dans la Paix et l’Unité. Mais, un groupe de jeunes terroristes sécessionnistes, postés bien loin du convoi du Premier ministre selon des sources dignes de foi, a déclenché des tirs, pendant que l’émissaire du chef de l’Etat procédait aux civilités d’usage, avec plusieurs personnalités venues l’accueillir, à l’entrée de la ville de Bamenda. Face à ces tirs qui n’ont duré que quelques minutes, la garde rapprochée du Premier ministre l’a mis en sécurité dans son véhicule, jusqu’à ce que le calme soit revenu. Au cours de son séjour à Bamenda, Joseph Dion Nguté, a entre autres reçu les délégations des élites et forces vives des sept départements de la région du Nord-ouest.
Mais les journaux qui ont traité de cette actualité n’ont manifestement pas accordé de l’importance à ces aspects positifs, mais ont plutôt donné du volume aux actes qui amènent l’opinion à la conviction que, les terroristes sécessionnistes ont le contrôle de la zone, contrairement aux forces de défense. Et malgré les séminaires de renforcement des capacités en matière de couverture des évènements en période de crise, rien ne change fondamentalement dans le traitement de l’information chez de nombreux journalistes. Pour défendre ces titres qui à l’observation font de ces professionnels de média des alliés objectifs des entrepreneurs de guerre, certains brandissent le principe de la sacralité des faits, oubliant cette heureuse formule journalistique selon laquelle, « les faits sont sacrés et le commentaire libre ». C’est dire, que le journaliste a toujours la possibilité de faire le choix des mots qu’il entend coller sur des faits pour donner un sens à son récit. Le contexte sociopolitique dans la partie anglophone du pays, devrait en principe inciter à la pratique d’un journalisme responsable, à même d’aider les pouvoirs publics à résoudre cette crise qui, depuis la fin de l’année 2016, a déjà provoqué de nombreuses pertes en vie humaine, et paralysé les activités économiques. « Les médias bouleversent l’ordre social », disait Francis Balle dans l’ouvrage médias et sociétés.
Philippe GANFEH