La femme du Haut-Nyong a fait entendre sa voix le 15 octobre dernier pour qu’elle ait droit, à la terre pour son épanouissement.
Malgré les efforts consentis par le gouvernement pour l’équilibre social, l’accès au foncier reste une problématique pour l’épanouissement de la femme rurale. L’occasion de la célébration de la 26ème édition de la femme rurale cette année dans le Haut-Nyong, la voix des sans voix a été portée par Séraphine Nkomba, présidente départementale de la fédération des réseaux des associations féminines du Cameroun (Ferafcam). Dans son propos, elle martelait : « La femme rurale se sentira épanouie lorsqu’elle aura droit comme les hommes à l’accès à la terre. Une fois en mariage, elle perd tous ses droits. Une fois son époux décédé, elle est pourchassée par sa belle famille. Elle n’a pas le droit de réclamer une parcelle de terre pour ses activités, parce qu’elle est tout simplement femme. Toutes ces frustrations ne lui permettent pas de se sentir partie intégrante d’une société où les hommes ont tout confisqué ». La présidente du réseau des associations féminines de Doumaintang, Marie Mpack Assinga va ajouter : « Une journée dédiée par les Nations unies pour la femme rurale ne doit pas rester dans les discours. Nous avons besoin de ressentir la volonté des pouvoirs publics se manifester en notre direction. Nos besoins étant nombreux et bien connus de tous. Par contre, c’est un appel à plus de considération, plus de dynamisme, d’intégrité, de fidélité. Car, nous devons aussi jouer notre partition, afin de mériter la place que nous sollicitons ». D’où la pertinence du thème de cette 26ème édition, à savoir : « Renforcer les actions en faveur de la paix, de l’accès à la terre et aux financements, pour le relèvement des femmes et des filles vivant en milieu rural en contexte de crises ».
Pour le maire Honoré Koumé, en s’adressant particulièrement aux hommes, il les invite à : « Cultiver un esprit de tolérance, d’amour et d’humilité. De caresser et non de taper sur la femme. A l’image de nos sœurs, mères, épouses et filles vivant dans les régions en crise, nous devons leur apporter tout notre soutien, étant donné les responsabilités qui sont les leurs dans l’harmonie des familles et même de la nation entière ». Dans le chapitre des doléances, ajoute Séraphine Nkomba : « Nous demandons aux maires de nos localités d’actualiser l’organisation des marchés périodiques. Aux autorités, sensibiliser les chefs traditionnels pour qu’ils lèvent cette interdiction de l’accès à la terre par les femmes. Et aux pouvoirs publics, de faciliter l’accès aux intrants agricoles aux femmes de l’arrière-pays dont le pouvoir d’achat est dérisoire ». Avant la prise de parole du sous-préfet Julien Biye, représentant le préfet du haut-Nyong, Polycarpe Ateba, au nom du président de la Capef, a remis du matériel agricole composé de portes tout, brouettes arrosoirs, pèles, bottes, gants…aux femmes de Doumaintang, et en a profité pour exhorter les femmes à se rapprocher de cette institution pour les divers appuis. Pour le représentant du préfet qui a souligné le rôle déterminant de la femme rurale dans l’équilibre de la vie, elle fait partie des priorités des pouvoirs publics, et du chef de l’Etat Paul Biya, en tant que mamelle nourricière de la société, éducatrice de la famille… Après la remise des parchemins à une centaine de femmes des quatorze unités administratives du Haut-Nyong qui ont pris part à un ensemble d’ateliers de formation, la parade du jour est venue mettre un terme à cette belle cérémonie. Rendez-vous a été pris pour Atok 2022.
Martin Crépin Ntsana Mekok, à Doumaintang