Des coups d’Etat militaires à répétition dans plusieurs de ces pays, porte à croire que cette partie du continent est congénitalement inapte à la démocratie.
Des hommes en treillis ne disposant fondamentalement d’aucune ressource en matière de gestion des Etats, ont décidé de sortir de leurs casernes et de prendre le pouvoir par la force, mettant fin à l’ordre constitutionnel. Ces officiers qui s’accaparent du pouvoir politique, se justifient en invoquant l’inaptitude des dirigeants civils à mettre le pays sur la bonne voie. Au Burkina Faso, le président Roch Marc Christian Kaboré a été renversé. Il aura connu le même sort que ses homologues malien Ibrahim Boubakar Keita et guinéen Alpha Condé, que des colonels ont dégommé à la tête de l’Etat, respectivement en août 2020 et en septembre 2021.
Entre l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, la plupart des pays sont sous la direction d’une junte. En Guinée, après deux ans de crise politique, les forces spéciales mobilisées derrière le colonel Mamady Doumbouya, ont capturé le président Alpha Condé. L’objectif est, disent-ils, de « mettre fin à la gabegie financière, la pauvreté, et la corruption endémique ». Au Mali, le changement de régime a été précédé par des mois de contestation contre « l’impuissance ou l’inertie des autorités devant la propagation des violences de toutes sortes ». Par la suite, le colonel Assimi Goïta s’est autoproclamé président de la transition. Même son de cloche au Burkina Faso, où des soldats se sont mutinés le 23 janvier 2022 dans plusieurs casernes, pour réclamer les « moyens adaptés à la lutte contre les groupes radicaux ». À la fin de ce scénario, un homme en béret rouge apparait à la télévision nationale : Paul Henri Sandaogo Damiba. Puis, annonce un changement de régime. Dans cette citadelle africaine de coups d’Etat, où les populations sont prises dans la nasse des hommes en tenue, s’installe l’absence de débats d’idées, de l’information, ainsi que de la liberté d’expression, indispensables à la critique constructive.
Les gouvernements de transition instaurés dans ces circonstances par ces auteurs de putschs, témoignent dans la majorité des cas, leur incapacité à diriger le pays. Car en effet, les dates de fin de transition et d’organisation des nouvelles élections ne sont jamais respectées, elles se renouvellent de gré ou de force, au fur et à mesure que ces hommes en képi prennent goût d’user et d’abuser du pouvoir. L’imbroglio diplomatique entre la France et le Mali qui se déroule en ce moment, est également la preuve que ces gouvernements illégitimes ne sont pas à même de diriger convenablement le pays, faute à la non maîtrise des méandres du pouvoir. Décidément, la démocratie est un luxe pour l’Afrique comme le disait Jacques Chirac il y a plus de trois décennies ? À l’observation, non. Seule l’Afrique de l’Ouest, qui s’illustre aujourd’hui, comme ce qu’il convient d’appeler, « enfants malades ».
Philippe GANFEH