Les travailleurs et les salariés du Cameroun ont repris le chemin de leurs lieux de travail ce matin après un long week-end comme ils les affectionnent tant, marqué par la célébration dimanche de la fête internationale du travail d’une part et celle lundi de la fête de fin du Ramadan d’autre part. Le débat et l’impatience qui ont caractérisé l’attente de ces jours fériés, chômés et payés ainsi que le soulagement qui a accueilli la publication de l’arrêté du Président de la République déclarant la journée du mardi 3 mai fériée renseignent à suffisance sur le rapport du Camerounais au travail. Quel ramdam le jour du Ramadan! Une fois de plus, notre société démontre un comportement cavalier vis-à-vis du travail et montre son attachement au slogan: « gagner plus sans travailler ». Certes, il ne s’agit point de remettre en question la législation et la réglementation en vigueur en matière d’organisation des fêtes légales dans notre pays. Il s’agit modestement de questionner notre attitude collective face au travail. La jubilation intense qui accueille généralement la décision déclarant un jour férié porte à faire croire que les Camerounais n’aiment pas travailler. Mais qui sommes-nous pour les juger?
Un pays qui aspire à l’émergence en 2035 peut-il se permettre de négliger la valeur du travail? La productivité dans nos entreprises et notre administration, concept inscrit dans la thématique de la célébration de la fête internationale du travail cette année, est-elle à la hauteur des défis dans un monde globalisé où la compétitivité est l’un des indicateurs majeurs de la concurrence entre les nations? Comprenons-nous bien: loin de nous toute idée de faire un quelconque procès d’intention à qui que ce soit mais il est plus que temps de revoir nos habitudes et nos attitudes par rapport au travail. À la question de savoir si les Camerounais travaillent assez, chacun pourra répondre en son âme et conscience.
Les hasards du calendrier ont bien voulu que la fête internationale du travail précède celle du Ramadan, une fête religieuse. Non seulement les Camerounais donnent l’impression de ne pas travailler assez mais encore ils semblent avoir les yeux rivés au ciel en quête d’une manne ou d’un miracle divins. Là également, il ne s’agit pas de critiquer les opinions ou les croyances religieuses des uns et des autres mais de mettre une fois de plus en garde contre cette tendance et cette dépendance aux miracles. Les Saintes Écritures et les Livres sacrés nous enseignent pourtant que « tu mangeras à la sueur de ton front ». Y a-t-il meilleure interpellation et exhortation plus forte pour comprendre que le seul miracle hier, aujourd’hui et demain reste le travail? À l’heure où le chômage fait des ravages en raison du covid, où trouver du travail s’apparente à un parcours du combattant ou à un miracle quotidien, on n’a pas le droit de négliger son boulot, si petit ou si ingrat soit-il. Les contes de fées et les réussites faciles exposés dans les réseaux sociaux sont très loin de refléter la réalité. Aide-toi par le travail et le ciel t’aidera à travers les prières.