C’est une lapalissade et elle est connue de tous: le Président Paul Biya est du genre taiseux; il ne développe pas ce réflexe quasi-pavlovien répandu chez certains dirigeants politiques qui salivent à la vue d’un micro. Ses prises de paroles font d’autant plus mouche qu’elles sont rares. Lors de la récente visite officielle du Président français au Cameroun, au cours d’une conférence de presse truffée de messages subliminaux, il a encore gratifié la presse et les observateurs de l’une de ses formules soft mais choc qui viennent enrichir un florilège déjà fourni et désormais digne d’une anthologie. L’opinion publique semble n’en avoir retenu que la nouvelle théorie voire le théorème de la soustraction : 7-4 ou 7-3. Et pourtant, sa réponse sibylline à la question de la journaliste française qui lui demandait s’il compte se représenter en 2025 ou si le Rdpc présentera un candidat plus jeune comporte un passage savoureux qui en dit long sur sa conception et sa philosophie de la vie et de la politique. Paul Biya répond en effet: « À la fin du mandat, vous serez informé si je reste ou si je m’en vais au village ».
Dommage que ces propos n’aient pas assez retenu l’attention des commentateurs. Outre la mise au point très subtile sur le fait qu’il n’entend pas partir en exil mais plutôt se retirer au village, Paul Biya envoie également un message subliminal à l’élite et à la classe politique camerounaises: « aimez vos villages; sentez-vous y à l’aise, car c’est le « refuge ultime », le lieu idéal de la retraite à la cessation d’activité ». Bien entendu, pour envisager de se retirer au village, encore faut-il y avoir creusé son sillon et entretenu de bonnes relations avec ses habitants et les populations pendant qu’on était aux affaires et en responsabilité.
Le message est dès lors clair: il faut entretenir de bonnes relations avec son village, ce « matelas » qui amortit les chutes vertigineuses au moment de la dégringolade ou vous accueille à l’heure de la retraite ou du repos final. Au Rdpc, on a coutume de dire, à juste titre, que le pouvoir est à la base. Paul Biya précise et ajoute à l’attention de ceux qui auraient tendance à l’oublier qu’en politique la vraie, la seule base, c’est le village. Là où tout commence et où tout finit. Chapeau à ceux qui transforment leur village en fief. Leur repos n’en sera que plus doux, agréable et mérité.