Au Cameroun, les mots semblent ne plus avoir tout leur sens et perdent progressivement de leur puissance. En effet, certaines expressions ont tendance à être galvaudées à force d’être utilisées à tort et à travers. Il y a quelques années, comme un prestidigitateur qui sort un lapin de son chapeau, l’administration camerounaise avait sorti des tiroirs l’expression « contrats de performance ». Plus tard, elle sera abandonnée en rase campagne sans impact considérable sur les performances des entreprises et des établissements publics, principales cibles de cette opération. Malgré ce succès très relatif, pour éviter le mot échec, les contrats de performances sont en train de revenir au goût du jour puisque le gouvernement vient d’annoncer un chronogramme en vue de la signature de la nouvelle génération de ces documents. Espérons que les mêmes causes ne produiront pas les mêmes effets.
C’est dans ce contexte de déjà vu, déjà entendu et déjà pratiqué que le Secrétaire général du comité central a proposé et engagé récemment les responsables des organes de base du parti à adhérer au contrat de performances en vue des nouvelles victoires du RDPC. Les sceptiques ont tôt fait de dresser un parallèle entre les contrats de performances économiques ou administratifs et leur pendant politique. Comparaison n’est pas raison, a-t-on coutume de dire. Ce qui est difficile à obtenir sur le plan économique peut l’être plus facilement en politique, le domaine par excellence de tous les possibles. Car qui dit contrat de performances dit obligation de résultats. Au RDPC, l’exigence de résultats est loin d’être une nouveauté. De plus en plus, elle devient une condition sine qua non pour occuper un poste de responsabilité au sein du Parti.
Les militants attentifs et les observateurs avertis se souviennent sans doute de cette disposition glissée dans la circulaire du 8 juillet 2021 relative au renouvellement des bureaux des organes de base RDPC et de ses organisations spécialisées. Parmi les conditions d’éligibilité, figurait cette disposition: « avoir conduit le RDPC à la victoire aux élections municipales du 9 février 2020 dans la section, pour les présidentes et présidents de bureau de section RDPC en poste ». Une telle précaution signifiait clairement que ceux des Présidents de section en poste qui n’avaient pas pu mener le Parti à la victoire ne devaient même pas postuler. Beaucoup sont passés entre les mailles du filet mais ils doivent savoir qu’ils sont désormais dans le collimateur. Les temps sont en train de changer. Aucun président de section ne se maintiendra plus à son poste si le RDPC y a perdu une élection. Le défi est de taille et l’objectif énorme. Mais c’est le passage obligé si le parti veut conserver son leadership. Être responsable dans un organe de base, qui plus est, président de section, ne sera plus un tremplin. Encore moins une sinécure ou une villégiature. Il faudra mouiller le maillot et produire des résultats.