Editorial du Journal L’Action 1395 du mercredi 23
Par Christophe Mien Zok
Les Lions Indomptables, nos valeureux Lions indomptables du Cameroun, entament leur huitième participation à la coupe du monde de football demain au Qatar par une rencontre contre la Suisse avant de croiser la Serbie et le Brésil en match de poule. Premier pays africain à avoir atteint les quarts de finale de cette prestigieuse compétition en 1990, le Cameroun détient également le record de participations aux phases finales. Ces faits d’armes ont fini par créer une relation et une atmosphère très particulières entre ce rendez-vous planétaire et le pays de Roger Milla et François Omam Biyick. Toutefois, le tableau n’est pas aussi reluisant que les supporters les plus fanatiques voudraient le faire croire. En effet, sur le plan statistique, le bilan n’est guère flatteur pour l’équipe nationale du Cameroun : en sept participations, notre pays n’a franchi le premier tour qu’une seule fois en 1990. Une performance à rapprocher de celle de 1982 où les Lions terminèrent le tournoi invaincu, y compris face à l’Italie, futur vainqueur du tournoi.
Malgré les déboires successifs et les échecs retentissants en 1994, 1998, 2002, 2010, 2014, le Cameroun a toujours rêvé d’un grand destin en coupe du monde. Cette foi chevillée au corps, cet optimisme, ce « fighting spirit », ce « hemlé » qui confinent parfois à de l’arrogance voire à de l’outrecuidance finiront-ils par hisser au firmament du football mondial l’actuelle génération des Lions indomptables, poussés par des supporters aussi fanatiques, vindicatifs que divisés? C’est le moins qu’on puisse leur souhaiter quarante ans après leur première participation, bien plus qu’honorable, à la compétition? En tout cas, Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football, y croit sérieusement avec la rage et la hargne du redoutable chasseur de buts qu’il a été. Est-il capable de transmettre et de communiquer à ses cadets le souffle et l’envie d’aller jusqu’à la victoire finale? Il les pousse dans ce sens sans craindre qu’une telle ambition devienne un blocage psychologique. Sur le plan managérial et financier, l’environnement des Lions Indomptables n’a jamais été aussi serein et propice à un bon parcours même si l’hubris même du président peut devenir un handicap et un facteur de déstabilisation pour le groupe.
Cette fois-ci sera-t-elle alors la bonne? Même si les polémiques continuent d’alimenter l’espace public et médiatique; même si, comme toujours, certains souhaitent un échec retentissant aux Lions, nombreux sont les Camerounais qui espèrent voir leur sélection nationale écrire encore « une belle page du football africain et mondial ». Paul Biya, président de la République, premier sportif camerounais et supporter no 1 des Lions, fait partie de cette dernière catégorie. Dans un message d’encouragements adressé à Vincent Aboubakar, le capitaine de la cuvée 2022 et à ses coéquipiers, le président de la République écrit: « Au moment où vous vous apprêtez à descendre dans l’arène, je vous adresse, en mon nom propre et au nom du peuple camerounais, mes chaleureux encouragements. Je vous exhorte à donner le meilleur de vous-mêmes, à faire preuve de combativité, d’engagement, de détermination et de discipline, afin de hisser encore plus haut le drapeau du Cameroun. » À l’encadrement technique de gérer le groupe de manière à ce qu’il aille plus haut, plus loin et qu’il soit le plus fort possible. Tout a déjà été dit; tout reste à faire sur le terrain. Demain nous appartient! Et que les Lions rugissent!