Le coup d’envoi de la 22ème édition de la coupe du monde de football sera donné dimanche prochain, 20 novembre 2022, au Qatar avec 32 pays participants. La finale se jouera le 18 décembre 2022, jour de la fête nationale qatarie. La prochaine édition en 2026 devrait compter 48 pays qualifiés. En attendant, les 32 équipes en lice se préparent dans des conditions particulières avec pour objectif de succéder à la France, vainqueur du trophée en 2018 en Russie, dernier pays hôte de la compétition et disqualifié sur tapis vert en raison de la guerre en Ukraine. Pour la première fois de l’histoire, le tournoi va se disputer en novembre-décembre à cause des conditions climatiques rudes en vigueur dans ce pays. Les compétitions nationales ont dû être interrompues et les pays qualifiés arrivent sans véritable préparation, avec dans leurs rangs de nombreux joueurs blessés, convalescents ou en petite forme. Pourront-ils tenir sur la durée, sous des températures très élevées; au point où des stades sont équipés de systèmes de climatisation? Telle est l’une des inconnues de cette compétition hors norme qui s’ouvre dimanche prochain.
Comme si ce climat délétère ne suffisait pas, les polémiques se multiplient et se propagent comme des grains de sable dans le désert. Depuis la désignation officielle du Qatar le 2 décembre 2010 au terme de quatre tours de scrutin par 14 voix contre huit aux États-Unis, le parfum du scandale plane sans interruption sur cet événement: accusation de corruption, FifaGate, procès, tout y passe. Ces dernières semaines, plus le coup d’envoi se rapproche, plus les polémiques enflent. Hier adulé, envié, courtisé, le Qatar sent subitement le soufre. Les médias occidentaux et leur opinion publique se pincent le nez et dénoncent pêle-mêle les violations des droits de l’homme, le non-respect des normes écologiques et environnementales, l’inexistence de la démocratie, etc. Les plus hardis et les jusqu’au-boutistes n’hésitent pas à brandir la menace d’un boycott en hommage aux 6500 ouvriers morts en construisant les stades et les hôtels. Pour se donner bonne conscience et des gages de bonne volonté à leur public, joueurs, entraîneurs et dirigeants européens promettent de rester vigilants et de ne pas se taire le cas échéant face aux « atrocités » dont est accusé le pays organisateur. Lequel se défend comme il peut et dénonce à son tour le racisme et le complexe de supériorité des pays occidentaux qui, paraît-il, n’ont jamais digéré qu’un pays arabo-musulman organise pour la première fois une compétition d’une telle envergure.
Qui croire? Une chose est sûre: ces polémiques et ces accusations fleurissent alors que les juteuses parts des marchés de construction des infrastructures sportives et hôtelières ont déjà été raflées. Pas besoin de commettre un délit d’initiés pour connaître la nationalité des entreprises adjudicataires. Les vainqueurs du pactole financier et économique sont les mêmes qui veulent soulever le trophée sur le terrain sportif et font preuve d’une tartufferie et d’une hypocrisie aussi…immondes qu’abjectes. C’est la coupe du monde du poker menteur, de la comédie, de la fourberie et des simagrées. À ce petit jeu, ce n’est pas le meilleur qui gagnera mais ceux qui veulent dominer le monde et imposer absolument leur manière de voir, de faire, d’être.
Après tous ces enjeux géopolitiques, écologiques, sociétaux, éthiques et moraux, la compétition garde-t-elle encore un quelconque enjeu sportif? Il appartient aux joueurs de reprendre le contrôle de leur discipline pour éviter que le foot ne soit un jouet supplémentaire entre les mains des puissances de l’argent et du pouvoir. Pour les Lions Indomptables du Cameroun qui participent pour la huitième fois à une phase finale de coupe du monde de football, l’objectif est de faire mieux qu’en 1990 en Italie et une place en quarts de finale, une grande première pour un pays africain. Sont-ils capables de rééditer un tel exploit lorsqu’on sait qu’ils ne sont plus jamais parvenus à franchir le premier tour de la compétition? À Rigobert Song et à ses poulains de montrer et de démontrer qu’en football, il n’y a qu’une seule vérité: celle du terrain. Loin des polémiques, des querelles et des tacles irréguliers. La coupe du monde de football, que certains veulent présenter sous un côté immonde et ignoble, doit rester, malgré tout, une grande fête, un beau jeu, une parenthèse enjouée et enchantée dans un monde en proie à toutes sortes de dérives et de dérapages.
Même au Qatar, il n’est pas si tard de rêver pour espérer aller droit au but! Vive le foot et allez les Lions Indomptables du Cameroun!