Ce n’est pas encore le verdict des urnes mais on s’en rapproche. Le Conseil électoral de Elections Cameroon (Elecam) a publié hier la liste des candidats aux élections sénatoriales du 12 mars 2023. Sur les 32 listes de candidatures enregistrées et présentées par treize partis politiques, seulement 22 ont été acceptées à l’unanimité par les membres du Conseil électoral. Sous réserve des décisions du Conseil constitutionnel qui pourrait entrer en scène dans les prochains jours pour le contentieux pré-électoral, dix formations politiques seront donc en compétition le 12 mars ; notamment le Rdpc présent dans les dix régions et l’Undp en lice dans quatre circonscriptions. À ce stade du marathon électoral, trois partis politiques ont déjà trébuché même si des recours sont encore possibles devant le Conseil constitutionnel.
En attendant cette éventualité, quelques observations peuvent être faites au regard des listes publiées :
1 – Le Sdf sera présent dans la seule région du Nord-ouest ; pas moyen de récidiver le hold-up de 2013 dans l’Adamaoua où le parti de John Fru Ndi, sans un seul conseiller municipal, avait raflé la mise au nez et à la barbe de l’Undp alors que la liste du Rdpc était disqualifiée. L’Undp n’a jamais pardonné cette « trahison » à son allié qu’est le Rdpc. Sous l’arbitrage du Pcrn et du parti Univers, le duel sera épique cette année entre les deux alliés compte tenu de l’arithmétique électorale en faveur des deux partis. La compétition sera tout aussi « rude » dans les Régions du Nord où le Rdpc sera face à l’Undp et au Fsnc et à l’Ouest où l’on assistera à une triangulaire entre le Rdpc, l’Udc et l’Ums.
2 – Si l’on s’en tient seulement aux statistiques révélées par les listes du Rdpc publiées par Elecam, le taux de renouvellement sera élevé à la Chambre haute au cours de la troisième législature puisque le parti majoritaire, conformément à la circulaire du Président national sur la nécessité d’intégrer de nouvelles figures, présente 34 nouveaux candidats titulaires sur 70 ; soit un pourcentage de 48,5%. Le Nord (un sénateur sortant sur sept reconduit), l’Est (deux sortants sur sept) et le Littoral (deux sur sept) remportent la palme d’or du taux de renouvellement le plus élevé. Il convient de relever à grands traits, que dans la Région du Sud-ouest, tous les sept sénateurs titulaires sortants ont été reconduits. La performance est suffisamment inédite pour être soulignée. Et comme le Rdpc n’y aura pas d’adversaire-comme dans le Sud- le résultat est connu d’avance même s’il faudra se méfier du taux d’abstention.
3 – En attendant d’affiner la représentation des jeunes à ce scrutin à travers leur présence effective sur les listes des candidats, il y a lieu d’observer que le nombre de femmes sera en en augmentation au Sénat au cours de la prochaine mandature. En 2018, elles étaient 26 dont 22 élues et quatre nommées ; soit un pourcentage de 26%. À ce stade du processus électoral, le Rdpc à lui tout seul présente 28 candidates titulaires sur 70 ; soit un taux de 40%. Là encore, la performance est inédite. Le Parti a montré la voie à suivre. Et si le Président de la République, dans son quota de 30 sénateurs désignés défini par la Constitution, nommait encore une dizaine de femmes, le Cameroun ferait un véritable bond en avant en matière de représentation féminine et de gender equity sur le plan électoral.
4 – Ces observations arithmétiques et enseignements statistiques, pour flatteurs et appréciables qu’ils soient, ne doivent pas faire oublier au Rdpc que ses vieux démons, ses éternels fantômes et ses principaux adversaires sont dans ses propres rangs. Après l’élimination brutale de certains candidats, il faut dès maintenant dissiper les frustrations et les déceptions. Exit les cachotteries et les manœuvres irrégulières enregistrées pendant les opérations de sélection, le temps de la réconciliation et du rassemblement s’annonce avec la campagne électorale. Espérons que les candidats retenus auront le triomphe modeste et sauront tendre la main à ceux et celles qui ont été recalés pour faire gagner le Rdpc. Dans certaines Régions comme l’Adamaoua où la compétition s’annonce serrée, cette union sacrée s’avère indispensable.
La vérité des chiffres
