Les fruits ont tenu la promesse des fleurs. Selon les tendances sorties des urnes qui ne demandent qu’à être confirmées par les commissions régionales de supervision et la commission nationale de recensement général des votes, le Rdpc est d’ores et déjà en droit de savourer les fruits juteux de la victoire à l’issue des élections sénatoriales du 12 mars 2023. Grand chelem en vue dans les dix régions; soit 70 sénateurs sur 70. L’étape du contentieux électoral? Elle pourrait être franchie allègrement et à la vitesse du son tant les autres partis et leurs candidats semblent traîner les pieds pour saisir le Conseil constitutionnel. Vers une élection sans contestation au Cameroun? On croise les doigts en attendant avec impatience ce fait inédit dans le paysage politique camerounais ainsi que la suite du processus: la proclamation des résultats, la nomination des 30 autres sénateurs, la première session de plein droit, la vérification et la validation des mandats, la mise en place du bureau définitif, etc.
Autant chez les anciens que chez les nouveaux élus, tout comme au siège du Parti et au sein des commissions régionales, départementales et communales qui ont battu campagne sur le terrain, la satisfaction est totale. La victoire est amplement méritée. Même les défections constatées ici et là dans le vote de quelques grands électeurs au détriment du Parti ne parviennent pas à doucher l’enthousiasme général. D’ailleurs, le Rdpc lui aussi a bénéficié du vote des grands électeurs des partis de l’opposition. À l’avenir, il serait néanmoins souhaitable de rechercher les causes profondes de ce non-respect des consignes de vote afin d’éviter qu’elles fassent tache d’huile avec des conséquences beaucoup plus fâcheuses.
Pour l’instant, laissons les anciens et les nouveaux élus ainsi que leurs « coaches » savourer les fruits de la victoire et apprécier le doux parfum qui s’échappe déjà des bouquets de fleurs et des messages de félicitations adressés aux heureux élus. Laissons-les à leur allégresse et à leur joie et espérons que la troisième législature sénatoriale qui s’ouvre dans les prochains jours connaîtra plus d’entrain sur le plan institutionnel et de la contribution du Sénat à l’accélération de la décentralisation. En effet, la victoire, aussi large soit-elle, ne doit pas occulter les critiques formulées contre le Sénat pendant la campagne électorale; encore moins masquer les insuffisances relevées depuis dix ans. Au moment où la chambre haute évolue vers sa quinzième année, on attend d’elle un peu plus de vivacité et de visibilité sur le triple plan de la production législative, du contrôle de l’action gouvernementale et de la défense des intérêts des collectivités territoriales décentralisées. Tout en restant concentré sur ses obligations constitutionnelles et ses attributions institutionnelles, le Sénat devrait faire davantage en termes de marketing et de promotion de ses activités avant, pendant et après les sessions.
Dans les dix régions, les grands électeurs que sont les conseillers municipaux et régionaux ont eu à déplorer et à dénoncer à l’unisson l’absence des sénateurs sur le terrain. Les explications et les arguments avancés par certains candidats étaient souvent discutables pour ne pas dire irrecevables. Vivement qu’ils mettent, au cours de ce mandat, un peu plus d’entrain, de conviction et d’engagement pour changer la perception que les Camerounais ont de la chambre haute. Et que le gouvernement de son côté accepte également de jouer le jeu du renforcement du rôle de l’institution parlementaire en général, de celui du Sénat en particulier. Après les dix premières années de fonctionnement voire de balbutiements, les cinq prochaines années devraient largement suffire au Sénat pour s’imposer définitivement dans le paysage institutionnel camerounais. C’est bien possible même si on marche à pas de…sénateurs.