Par Christophe Mien Zok
Les célébrations de la fête de l’unité se suivent et ne se ressemblent pas. La 51ème édition qui s’est déroulée samedi dernier, 20 mai 2023, était différente de la précédente. On aurait dit une cuvée spéciale; un millésime particulier. Et pourtant, la 50ème édition célébrée en 2022 après une interruption de deux ans liée au Covid remplissait toutes les conditions pour s’inscrire au panthéon de la mémoire collective. Il n’en fut rien. Or les acteurs, les lieux, les ingrédients et les « condiments » étaient à peu près les mêmes. Peut-être la peur du Covid entretenait-elle encore la psychose dans les esprits…Qu’à cela ne tienne, qu’est-ce qui peut donc bien expliquer que chaque célébration ait une saveur si différente, un goût si particulier, une coloration et une tonalité distinctes d’une année à une autre? Cela relève sans doute d’une certaine alchimie, c’est-à-dire un mélange de raison et de passion, de vérités et de faux-semblants, d’occulte et de mystère. Pour tout dire, quelque chose bien réelle mais difficile à définir et à décrire.
Samedi dernier, la 51ème édition de la fête de l’unité avait donc un air, présentait un caractère et baignait dans une atmosphère très spéciale dans toutes les localités où les manifestations ont été organisées. Ce ne sont pas les incidents protocolaires ou sécuritaires abondamment relayés par les réseaux sociaux qui viendront ternir l’éclat de la célébration. Des quatre coins du pays, les Camerounais ont exprimé avec ferveur, allégresse et enthousiasme leur attachement à l’unité nationale malgré les épreuves et les faux pas quotidiens. Le plus dur n’est pas de tomber mais de se relever…Alors, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, ils se sont levés pour célébrer le brassage, le partage d’un idéal, un héritage: l’unité.
À travers défilés, concerts, retraites aux flambeaux, civils et militaires, élèves, étudiants, travailleurs et chômeurs ont vibré au même diapason, communié dans le même esprit. Sous le soleil et sous la pluie, le Rdpc a tenu son rang de parti majoritaire et confirmé son leadership ainsi que son engagement, son investissement permanent pour toutes les grandes causes nationales. Au cœur de ces manifestations, cérémonies et attentions républicaines, un homme: le Président Paul Biya qui incarne depuis une quarantaine d’années les institutions de la République. Après toutes ces années, il ne bénéficie peut-être plus totalement de l’état de grâce des débuts, mais il est toujours habité par cette grâce d’Etat que ni l’âge ni l’usure du pouvoir ne peuvent ni occulter ni dissiper. Au contraire! Son aura et son charisme restent intacts. Et le charme et la fascination opèrent toujours, alimentés par la silhouette gracile, le sourire autant radieux que contagieux et l’affection débordante de la première Dame. L’un reste un patricien placide, un patriarche madré et mesuré en toutes circonstances lorsque l’autre sait faire preuve de spontanéité et d’une certaine forme de « légèreté » rafraîchissante malgré la solennité du moment. Les Camerounais consomment sans modération et sans retenue ce cocktail que leur sert le couple présidentiel depuis 1994.
Au regard de tous ces ingrédients qui n’ont certes l’air de rien mais qui marquent les esprits à jamais, la 51ème fête nationale de l’unité restera dans les mémoires comme un grand cru, une cuvée spéciale alors que rien ne l’y prédisposait. Et pour ceux qui, au retour de la réception offerte au Palais de l’unité par le couple présidentiel, sont passés par le centre-ville de Yaoundé, ils en ont eu encore des étoiles plein les yeux en regardant le magnifique spectacle des feux d’artifice tirés à partir du Musée national qui n’est autre que l’ancien palais présidentiel. Des quartiers populaires environnants, Mvog-Ada et la Briqueterie notamment, des familles entières, dont de nombreux enfants, ont pris possession de la Poste centrale pour vivre, fêter et célébrer à leur tour l’unité nationale; un idéal qui concerne toutes les couches sociales du Cameroun. En appréciant ce beau spectacle et ce bel arc-en-ciel multicolore dans le ciel étoilé de Yaoundé en cette soirée du 20 mai 2023, tout observateur pouvait s’exclamer: l’unité du Cameroun n’est pas factice, artificielle ou superficielle; elle est bien réelle, factuelle et matérielle.