Si les Camerounais adorent faire sauter les bouchons à l’occasion des fêtes et autres cérémonies, heureuses ou malheureuses, il n’est pas certain qu’ils aiment les embouteillages devenus de plus en plus fréquents dans les grandes villes.
Il y a deux jours, les travailleurs du Cameroun se sont joints à leurs homologues du monde entier pour célébrer la 137è édition de la fête internationale du Travail. Les « retrouvailles » étaient de taille après trois ans d’interruption de manifestations liée au covid-19. Dans la capitale, dans tous les chefs-lieux de régions, de départements, dans les arrondissements et les petites localités, les travailleurs et les travailleuses ont donc fait la fête sans retenue. On a mangé; on a bu; on a même dansé. Les capsules de bière ont valsé et les bouchons de vin ont valdingué dans tous les sens; preuves s’il en est que la fête était belle. En prenant le chemin de leurs domiciles respectifs, les travailleurs et les travailleuses ont dû encore être confrontés aux bouchons mais d’une autre nature: les embouteillages dans la circulation. Et là, aucun décapsuleur, aucun tire-bouchon n’a pu leur être utile. Résultat: des heures interminables dans le trafic routier au risque de voir tous les effets secondaires et « salutaires » de l’alcool se dissiper et gâcher ainsi la fête.
Les Camerounais aiment faire sauter les bouchons de champagne et de vin mais plus ils grimpent dans le classement des plus grands clients de spiritueux et de meilleurs consommateurs de liqueurs en Afrique, plus les bouchons gagnent en longueur sur leurs routes urbaines et interurbaines. Le voyageur ou l’automobiliste qui emprunte les pénétrantes de nos grandes villes vit et subit le même calvaire au quotidien. Entrer dans la ville de Yaoundé par Nkoabang quand on vient de l’Est ou par Émana quand on arrive de l’ouest ou d’Obala est devenu un casse-tête. On peut facilement mettre le même temps pour parcourir une petite dizaine de kilomètres que la distance qui sépare le point de départ de l’arrivée.
Dimanche dernier en fin d’après-midi, les voyageurs en provenance de l’Est, d’Ayos ou d’Akonolinga ont ainsi passé au moins deux ou trois heures dans les bouchons de Nkoabang. Plusieurs raisons expliquent cette situation, la principale étant le désordre urbain et l’incivisme des automobilistes. Pourquoi Nkoabang, quartier tentaculaire qui dépend administrativement de Nkol Afamba n’est-il pas rattaché à la Communauté urbaine de Yaoundé, quitte à revoir les limites territoriales du département de la Mefou et Afamba? Pourquoi ne construit-on pas un boulevard périphérique ou des voies de contournement à l’entrée de nos grandes métropoles?
Une chose est certaine: les Camerounais adorent faire sauter les bouchons de champagne et de vin mais les bouchons routiers sont en passe de leur rester en travers de la gorge au point de gâcher leur vie chaque fois qu’ils doivent sortir ou rentrer chez eux. Vivement qu’on les fasse sauter!
CMZ