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L'Editorial

Crime de sang

Elle s’appelait Lemnyuh. Elle avait 16 ans et était élève en « Form 4 » au lycée de Nyanji, dans l’arrondissement de Nkambe, département du Donga-Mantung, région du Nord-ouest. Elle est morte le 11 février dernier à Nkambe, en pleine célébration de la 58ème édition de la fête nationale de la jeunesse. Elle est décédée non pas des suites d’une maladie mais à cause de la barbarie d’une bande de terroristes sanguinaires retranchés derrière un pseudo mouvement séparatiste et qui ont eu l’idée géniale de faire exploser une bombe artisanale dans les rangs de jeunes élèves insouciants et innocents qui ne demandaient qu’à exprimer leur joie et patriotisme le jour de la fête de la jeunesse.
La jeune Lemnyuh, éclatante de vie, pétulante et pétillante de jeunesse est sans doute passée de vie à trépas sans comprendre ce qui lui arrivait. Elle est la énième victime d’un combat absurde, d’une folie meurtrière menés au nom d’une cause dont même ses initiateurs, autant que leurs affidés et leurs sicaires sur le terrain seraient bien en peine d’expliquer les tenants et les aboutissants. Certes, en dehors de ce tragique incident, la fête de la jeunesse s’est bien déroulée sur l’ensemble du territoire national. Mais comment se réjouir de ce bon déroulement sans condamner une fois de plus ces tueries aveugles dont les jeunes et surtout les élèves sont les principales victimes ?
Comment ne pas établir désormais un parallèle entre les séparatistes anglophones et les jihadistes de Boko Haram ? Tous nourris à la mamelle de l’obscurantisme et aveuglés par des idéologies fumeuses, ils ciblent en priorité les lieux de savoir, les élèves, les hôpitaux. Boko Haram et sécessionnistes « ambazoniens » : même combat ? Ceux qui en doutaient encore ont sous leurs yeux des preuves de plus en plus irréfutables, des preuves macabres et dégoulinantes du sang de victimes innocentes. Tant qu’un seul Camerounais tombera sous les actes de ces adeptes de la barbarie, tant qu’une seule goutte de sang sera versée au nom de ces combats rétrogrades, les vrais patriotes ne resteront pas tranquilles. Ces crimes de sang ne peuvent et ne sauraient rester impunis ; leurs auteurs doivent être châtiés sans faiblesse conformément aux Lois de la République.
Les lampions se sont donc éteints sur la 58ème édition de la fête de la jeunesse. Le danger avec les événements qui se répètent d’une année à une autre, c’est qu’ils finissent par apparaître comme des marronniers, des éphémérides qu’on oublie dès que la page est tournée et la date changée. Or, chaque édition a sa propre réalité. Et Paul Biya, président de la République, qui doit prononcer chaque année un discours à l’adresse de la jeunesse, se doit également de veiller à ne pas se répéter. Chaque fête devient donc pour le chef de l’Etat un moment particulier, un instant unique, une occasion inédite de renouveler son discours. Les contempteurs et les adeptes de la critique facile n’y voient que du feu et passent leur temps à insinuer que le même texte est servi aux jeunes chaque année. Que nenni!
Au contraire, les préoccupations et les attentes des jeunes inspirent beaucoup Paul Biya qui est obligé de se mettre au diapason de son auditoire et d’adopter ses codes et son champ lexicaux. Après le fameux « on les a mis dans la sauce » en 2017, voici venu la reprise, par la voix la plus autorisée, de la formule « nous sommes le continent » qui fait florès dans les réseaux sociaux depuis quelques années.
Mais au-delà des clauses de style et des périphrases, l’essentiel des messages présidentiels réside dans le bilan et l’évaluation des politiques publiques menées en faveur de la jeunesse camerounaise. D’une année à une autre, ce bilan est plus que satisfaisant dans tous les secteurs, malgré le contexte de plus en plus difficile et l’impatience autant que l’insatisfaction chroniques érigées en seconde nature chez les jeunes. La jeunesse camerounaise, qui est le présent et l’avenir du Cameroun, doit apprendre à reconnaître et à mériter les efforts de la Nation à son endroit. Elle doit surtout éviter les chemins de la facilité pour emprunter les voies vertueuses et parfois tortueuses qui mènent vers le progrès, l’émergence, le développement et la prospérité du pays.

Par Christophe MIEN ZOK

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