Le Ministre des forêts et de la faune a ouvert en début de semaine à Garoua la saison de chasse pour l’année 2024. Il n’a échappé à personne que la saison de chasse annuelle s’ouvre alors que les dernières volutes de poussière de la saison sèche sont chassées un peu partout par une saison des pluies particulièrement précoce. Si, en forêt, les règles et les périodes de chasse sont bien connues et plus ou moins respectées, il n’en est pas toujours de même dans d’autres secteurs et domaines où l’activité est permanente. En politique par exemple, la chasse se pratique tout au long de l’année; les accidents sont très fréquents et il arrive que les gibiers deviennent des chasseurs et vice-versa. Plus les échéances électorales approchent, plus les armes sortent des fourreaux, les flèches et les lances de leurs carquois. L’arsenal est impressionnant : armes à feu, armes blanches, pièges en tous genres; etc. Comme disait DENG XIAO PING, « peu importe la couleur du chat, pourvu qu’il attrape la souris ».
Un an avant les échéances électorales cruciales de 2025, la saison de chasse est donc ouverte au sein de la classe politique camerounaise, toutes chapelles politiques confondues. L’opposition s’est de nouveau mise à la recherche de l’une de ses vieilles lunes préférées: le fameux et mythique candidat unique! Tiens, le début de Ramadan approche! Pour attraper l’oiseau rare, toutes les ficelles sémantiques sont permises: on ressuscite les coalitions, on réhabilite les alliances, on réchauffe les unions, on aiguise les mouvements et les fronts qui, hier, ont montré leur inefficacité et leurs limites. L’essentiel est d’essayer, de brasser de l’air, de mouliner du vent comme Don Quichotte.
Dans les rangs du pouvoir, la chasse est également ouverte; le gibier ici étant de préférence un camarade du Parti. Chasseurs et gibiers ne se font pas de cadeaux. La partie se déroule donc à fleurets à peine mouchetés, au lance-pierres, au lance-flammes ou au bazooka. L’exercice préféré des uns et des autres: le tir groupé aux pigeons à balles plus que réelles. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, cette chasse à courre et à l’homme, bat son plein et prend des tournures inattendues. La doyenne d’âge de l’Assemblée nationale en a donné un aperçu hier dans son discours lors de la séance plénière d’ouverture de la première session parlementaire de l’année législative 2024. Morceaux choisis: « Sans vouloir mettre tous les œufs dans un même panier, il nous a été loisible de constater qu’au-delà de l’inertie des uns, beaucoup se sont abimés dans des comportements tels que l’intrigue, la délation, les dénonciations, calomnieuses (…), les guerres de positionnement, l’affairisme, et la recherche effrénée de l’argent ». Ça suffit, n’en jetez plus!
Ici et là, reviennent au galop les sempiternelles querelles de leadership entre élus, élites, ministres, responsables locaux du parti; les interminables débats sur la primauté du parti par rapport à différents regroupements ou associations proches du Président, du couple présidentiel ou du Rdpc. Chacun bombe le torse, montre les muscles et revendique le monopole de l’action et la supériorité sur tous les autres. Il convient de rappeler aux uns et aux autres que si le Rdpc est au cœur et au centre de la galaxie qui maintient le Président Paul Biya au pouvoir depuis 1982, il doit compter sur et avec les associations et les mouvements qui gravitent autour. Surtout en période électorale; le jour du vote, chaque voix compte d’où qu’elle vienne, d’un comité de développement, d’un mouvement d’élites ou d’une association de… retraités. En matière d’arithmétique électorale, la seule opération qui vaille, c’est la multiplication et l’addition en lieu et place de la soustraction et de la division. On l’a déjà dit plus haut : peu importe la couleur du chat, pourvu qu’il attrape la souris. Chers camarades, chassons en toutes saisons, chassez sur tous les terrains; mais évitons les accidents et les querelles fratricides.