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L'Editorial

“On ne joue pas avec le Cameroun…”

Par Christophe Mien Zok

Les Lions indomptables du Cameroun rencontrent en principe ce samedi 8 juin les Requins bleus du Cap-Vert dans le cadre des éliminatoires de la coupe du monde 2026. Bien malin qui peut dire quelle sera l’issue de ce match dont les préparatifs auront été dominés par le feuilleton MINSEP-FECAFOOT. Inutile d’en rappeler ici les principaux épisodes; ils sont sont sur la place publique et tournent en boucle dans les réseaux sociaux. Chaque jour qui passe vient ajouter un rebondissement plus crade et crasseux que le précédent. D’ailleurs, pour beaucoup, le résultat du match sera purement anecdotique au regard de la confusion et du cafouillage qui règnent dans le football camerounais depuis des mois et surtout des intentions réelles autant que des ambitions inavouées des forces en présence. Qui se souviendra même que samedi prochain, 8 juin 2024, cela fera exactement 34 ans, jour pour jour, que le Cameroun battait l’Argentine de Maradona, détentrice du trophée, en match d’ouverture de la coupe du monde 1990 et entamait ainsi une épopée inoubliable derrière laquelle les Lions indomptables courent toujours?

    8 juin 1990-8 juin 2024, sans préjuger de l’issue de la rencontre contre le Cap-Vert, ces deux dates illustrent à suffisance le déclin inexorable, le déclassement progressif et la lente agonie du football camerounais qui se distingue davantage aujourd’hui par les contre-performances et surtout les scandales. En sport, on ne doit pas avoir peur ou honte des mauvais résultats: ils sont consubstantiels à la compétition. Paul BIYA avait prévenu les Camerounais: « il n’y a pas un peuple de vainqueurs ni un peuple de vaincus ». Les cycles des performances peuvent être en dents de scies car le plus difficile ne sera jamais de tomber-on finit bien par tomber un jour- mais de se relever.  Par contre, il est difficile d’accepter, en sport comme  dans d’autres domaines d’activités, les scandales à répétition. De manière cyclique, le football camerounais se couvre de honte, frise le ridicule et devient la risée du monde entier. Cela ne date pas d’aujourd’hui. La crise actuelle ne surprend donc personne mais elle a quelque chose de particulier, en partie à cause de l’identité et du palmarès du président de la fédération mais surtout en raison de l’onde de choc qu’elle pourrait avoir sur le système gouvernant et politique camerounais. Aucun camerounais digne de ce nom ne peut accepter que le pays tout entier soit entraîné dans la boue et la gadoue à cause du football. 

    Que ceux qui refusent de regarder la lune qu’on leur montre et préfèrent s’attarder sur le doigt qui la leur indique le sachent et Paul Biya les avait mis en garde par le passé: « on ne joue pas avec le Cameroun ». Le dire ce n’est pas manquer de respect à une icône ou à une ancienne gloire du football adulée au Cameroun, en Afrique et partout dans le monde. L’éditorialiste auteur de ces lignes n’a jamais demandé que l’on traitât le Président de la Fecafoot comme un sécessionniste tel qu’un  influenceur l’a insinué la semaine dernière dans un mélange de mauvaise foi et d’interprétation erronée, de raccourci et de manipulation. Il n’est pas le seul coupable et responsable de cette crise. Il y a eu des maladresses de part et d’autre. Nous avons simplement et logiquement demandé la restauration en urgence de l’autorité de l’Etat dans la gestion de ce dossier et le respect de la parole du Président de la République qui emprunte et qui a toujours emprunté divers canaux et formes d’expression, qu’il s’agisse des décrets, des discours, des interviewes, de posts sur les réseaux sociaux ou d’instructions et directives, qu’elles soient écrites ou verbales.

    Le Cameroun a toujours fonctionné ainsi. Certains veulent s’abriter derrière le football pour remettre en cause cette pratique administrative, saper cette autorité régalienne et tenter de dévaloriser ou de « démonétiser » la parole présidentielle afin de fragiliser le système et l’Etat. C’est un jeu dangereux, inadmissible et inacceptable, sur le plan politique, administratif et républicain.

   Le mal étant déjà fait et le Cameroun couvert de honte et de ridicule à la face du monde, espérons que du chaos que l’on a voulu ainsi créer, naîtront au sein de la tanière l’ordre, l’union sacrée, le sursaut d’orgueil et la victoire.

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