Site Web Officiel du Journal L'Action
L'Editorial

L’aigle et la colombe

La saison sportive 2024 au Cameroun s’achève dimanche prochain, 29 septembre par la finale de la coupe de football masculin entre l’Aigle de Dschang, alias l’Oiseau de la Menoua et Colombe de Sangmelima, équipe du Dja et Lobo, rebaptisée pour la circonstance « Colombe du Sud ». Les groupes de supporters s’organisent et se mobilisent d’ores et déjà ici et là, sous la houlette des autorités administratives et des élites. Dans un passé pas très éloigné, la « semaine des coupes » constituait une vitrine et une tribune pour toutes les disciplines et les fédérations sportives. C’était non seulement un grand moment de communion et de partage entre les sportifs et les dirigeants du pays mais aussi de célébration de l’excellence sportive camerounaise. Depuis quelques années hélas, l’actualité sportive camerounaise semble davantage rythmée par les faits divers et les procédures judiciaires plutôt que par les performances sur les terrains et les records sur les aires de jeux. De plus en plus, les dieux du stade tombent de leur piédestal et perdent la tête. Ils ne sauraient néanmoins être les seuls à blâmer dans cette longue et inexorable descente aux enfers. Ils n’ont pas le monopole des comportements reptiliens. Les dirigeants ne sont pas en reste !

Vous avez dit reptiliens ? C’est donc comme tout un symbole et un appel du destin que l’affiche de la finale de la coupe du Cameroun de football oppose dimanche prochain deux clubs ayant plutôt des « noms d’oiseaux », au sens propre du terme. Certes, en termes de palmarès et de renommée populaire, les deux équipes sont plutôt de petits poucets. Mais leurs noms interpellent dans le contexte de crise que traverse actuellement le sport camerounais en général et le football en particulier.  Ils résonnent comme une invitation adressée au mouvement sportif à prendre de la hauteur et de l’altitude. Quoi de mieux que deux volatiles tels que l’aigle et la colombe, aussi semblables par leur vol majestueux et leur envol élégant que différents par leur tempérament et leur caractère pour célébrer la force et la pureté dans le domaine sportif ? Autant l’aigle est connu et reconnu pour l’élégance et la fluidité de son coup d’ailes, autant la colombe est l’incarnation de la grâce, de la pureté et de la douceur. L’aigle, oiseau belliqueux par nature, grand prédateur, est un symbole de puissance, de force. Autres traits de caractère : il aime voler seul à très haute altitude, il a une vision précise, il ne mange pas de choses mortes, il aime la tempête, etc.

La colombe quant à elle est un mélange de peur et de non-violence, symbole d’amour, d’espoir, d’harmonie et de fidélité. Dans l’épisode biblique du déluge, c’est la colombe qui revient sagement vers l’Arche de Noé avec dans son bec un rameau d’olivier, preuve du retour au calme sur Terre. Alors, qui de l’Aigle de la Menoua ou de la Colombe du Sud remportera la coupe du Cameroun dimanche prochain ? En réalité, le vainqueur importe peu. De la même manière, il ne sert à rien de désigner les aigles et les colombes qui s’affrontent au sein du mouvement sportif, toutes disciplines confondues. En cette fin de saison sportive, tout ce que nous pouvons souhaiter au sport camerounais en général et au football en particulier, c’est de planer toujours plus haut comme un aigle et qu’une colombe y ramène un rameau d’olivier, symbole de paix retrouvée et d’harmonie restaurée. 

Articles liés