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L'Editorial

Balles perdues

Depuis quelques semaines, l’opinion nationale en général et l’opposition camerounaise en particulier se délectent des passes d’armes verbales et des joutes oratoires ou écrites entre certains responsables et militants du Rdpc à travers les réseaux sociaux.  L’état des routes, des infrastructures scolaires, les moyens alloués aux collectivités territoriales décentralisées et l’usage qui en est fait sont les principales pommes de discorde de ces prises de becs ou de ces crêpages de chignon en public. Le spectacle fait désordre venant de hauts responsables militants d’un même parti et qui devraient pourtant se distinguer par la solidarité, la cohésion et la discipline de groupe. Alors que la session parlementaire est en cours et que les députés, toutes chapelles confondues, trépignent d’impatience en attendant le dépôt du projet de loi de finances valant budget de l’Etat pour l’année 2025, il n’est pas exclu de nouveaux éclats de voix et des esclandres entre députés et membres du gouvernement aussi bien en commission qu’en plénière. Il y a lieu d’espérer que la traditionnelle rencontre organisée par le secrétariat général du Comité central du Rdpc et regroupant les députés et les sénateurs du parti d’une part et le ministre des Finances ainsi que son collègue du Minepat d’autre part pour une « concertation préalable en famille » sur le projet de loi de finances aura bel et bien lieu et permettra de calmer le jeu et d’harmoniser les points de vue des uns et des autres.

Car, il convient de bien le souligner : si le débat n’est pas interdit entre militants, si la contradiction est permise dans les rangs du parti, si la critique est encouragée, tout cela doit se faire dans les règles de l’art et dans le strict respect des prérogatives des uns et des autres. Sur un plan strictement absolu, les ministres, les sénateurs, les députés, les maires, les conseillers régionaux et municipaux ne sont pas des adversaires ou des concurrents politiques dès lors qu’ils sont tous militants d’un même parti. Qu’ils soient élus ou nommés, ils sont censés appliquer la politique ou le programme sur lequel le Président a été élu ; les professions de foi présentées lors des échéances intermédiaires, qu’elles soient locales, régionales ou nationales, n’étant que des déclinaisons du projet du candidat du Parti à l’élection présidentielle. Ministres, Députés et Maires, en tant que militants du Rdpc, sont donc tous au service des populations. Ils sont dans le même camp ; ils font partie de la même équipe ; ils doivent défendre ensemble et attaquer ensemble puisque la victoire ou la défaite ne sera pas individuelle, mais collective. Le jeu de massacre actuel et les balles perdues tirées de part et d’autre fragilisent le président de la République et affaiblissent le Parti. 

Il est donc plus que temps de mettre un terme à ces luttes fratricides et à cette guerre des tranchées qui ne dit pas son nom, non sans rappeler la nécessité de la tolérance, les vertus du dialogue, une certaine ouverture et une grande hauteur d’esprit de la part de tous les acteurs politiques, de surcroît ceux et celles qui se réclament du Président Paul Biya.

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