Le commun des mortels est naturellement méfiant des services fiscaux. Bref, soupçonneux avec tout ce qui a trait aux impôts et taxes. Le Camerounais lambda l’est encore plus, alors
que l’administration lui a pratiquement donné le bon Dieu sans confession, au regard de la méthode de collecte choisie. Le système fiscal camerounais est en effet déclaratif ; c’est-à-dire qu’il consiste à donner en amont au contribuable, la latitude de produire une déclaration sur la base de laquelle, il paye les impôts et taxes correspondants. En d’autres termes, cette forme de déclaration implique que l’usager – redevable bénéficie d’une présomption formelle de sincérité, la faculté étant laissée à l’administration de jouer, en aval, son rôle de régulateur d’analyse des déclarations au moyen des différents contrôles édictés par les procédures fiscales.
Les Camerounais sont encore plus sur les dents, de- puis que des messages de la Direction générale des impôts les invitent à déclarer leurs revenus de l’année 2023. « Faites votre déclaration de l’Irpp maintenant » et les enjoint même à le faire sans délais ; « Vous avez jusqu’au 30 juin 2024 pour déclarer vos revenus », pouvait- on lire sur différents supports, alors que la déclaration des revenus (des particuliers) est avant tout un acte de citoyenneté. Selon la fiscalité camerounaise en effet, tout résidant ayant une activité au Cameroun est tenu de payer l’impôt sur le revenu pour l’année fiscale s’étendant du 1er janvier au 31 décembre. Celui-ci est prélevé directement sur le salaire, à un taux variant entre 10 et 35 %. Sont ainsi concernés et selon les ca- tégories : les salariés, pensionnés et rentiers ; les com- merçants, agriculteurs et artisans ; les propriétaires fonciers ; ainsi que les membres des professions li- bérales. Les souscriptions se font avant le 15 mars de chaque année. Bon à savoir, les salariés qui ne dispo- sent pas d’une autre source de revenus sont dispen- sés du dépôt de déclaration à la fin de l’année.
Du côté de la Direction générale des impôts, on dé- clare que le paiement des impôts est d’autant recom- mandé pour tous qu’en le faisant, « le citoyen contribue directement au financement des services publics qui structurent la société ». Notamment les écoles, les hôpitaux, les routes, la sécurité, ainsi que de nombreuses autres in- frastructures qui dépendent des impôts que paient les contribuables.
C’est depuis 2021 que les contribuables non profes- sionnels percevant des revenus tels que traitements, salaires, pensions, rentes viagères, ainsi que des reve- nus des capitaux mobiliers et des revenus fonciers, doivent soumettre une déclaration annuelle récapitulative des revenus au plus tard le 30 juin de chaque année. Le phénomène n’est donc pas nouveau, même si les usagers ont l’impression de crouler sur une trop forte pression fiscale, comme l’atteste ce message qui a fait le tour des réseaux sociaux : « Tu payes des impôts sur l’argent que tu gagnes ; on te taxe sur l’argent que tu dé- penses ; on te taxe sur les choses que tu possèdes et que tu as payées avec de l’argent déjà imposé ». Les pouvoirs publics devraient peut-être s’y pencher sérieusement. Ne dit- on pas trivialement que « trop d’impôts tuent l’impôt » ?
Serge Williams FOTSO