C’est le vœu du chef de l’Etat qui a présidé hier 28 janvier 2024 au palais de l’Unité, la cérémonie de présentation du rapport de la Commission mixte sur la répression des mouvements indépendantistes au Cameroun. Une semaine après son homologue français, Emmanuel Macron.
C’est un travail mémoriel et de fouille dans les archives françaises et camerounaises qui aboutit ainsi à la production du rapport présenté au Président Paul Biya hier à Yaoundé. Dans la riche et séculaire relation qui lie en effet les deux Etats, le rôle de la France dans la répression des mouvements indépendantistes au Cameroun avant et après 1960, demeurait jusqu’ici difficile à aborder par tous et en tous lieux. Les travaux de la « commission mémoire » doivent permettre que les choses changent et qu’il n’y ait plus de tabous. Dans son mot de circonstance, Paul Biya a parlé d’un travail de thérapie collective pour mieux s’assumer.
En d’autres termes, le chef de l’Etat qui souhaite également la mise sur pied d’une commission de suivi et d’évaluation, demande que ces travaux soient enseignés et vulgarisés partout ; ce qui contribuera à coup sûr à mettre fin aux suspicions et autres manipulations de l’opinion sur cet épisode douloureux de la relation entre les deux pays pour la période allant de 1945 à 1971 qui a vu de nombreux activistes et hommes politiques camerounais perdre la vie ou contraints à l’exil.
C’est le 21 janvier dernier que le groupe d’experts et d’historiens a présenté le rapport à Emmanuel Macron au palais de l’Elysée à Paris, en présence du représentant personnel du chef de l’Etat, le ministre, directeur du Cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo, qu’accompagnaient l’ambassadeur du Cameroun en France, André-Magnus Ekoumou et le chef du protocole d’Etat, Simon-Pierre Bikele.
Le travail de la « Commission mixte franco-camerounaise pluridisciplinaire sur le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre des mouvements nationalistes et indépendantistes au Cameroun (1945-1971) », permettra à n’en point douter, aux deux pays d’aplanir toutes les zones d’ombre de cette coopération généralement qualifiée d’exemplaire. Co-dirigée par l’artiste Blick Bassy et l’historienne française Karine Ramondy, cette commission qui a permis aux experts de passer au peigne fin les documents jusqu’ici classifiés devra se de donner une nouvelle impulsion à la relation entre les deux pays. Il permettra également de couper de l’herbe sous les pieds des extrémistes de tous bords. Car si en France l’on parle de répression sanglante dans les luttes d’indépendance, au Cameroun et en Afrique, certains analystes évoquent plutôt un génocide en pays bassa et bamileke durant cette période obscure pour le devoir de mémoire des générations présentes et futures, mais également pour panser les blessures tout en sachant ce qui s’est vraiment passé.
Outre l’ambassadeur de France au Cameroun, Thierry Marchand qui conduisait la délégation française, étaient également présents : le ministre d’Etat Jacques Fame Ndongo, les ministres Mbella Mbella, Bidoung Mkpatt, Madeleine Tchuinte, l’ambassadeur du Cameroun en France et tous les proches collaborateurs du chef de l’Etat.
Claude Mpogué