La guérison mais gare à la rechute (3/5)
En ce mois de mars 2025, trente semaines avant une élection présidentielle cruciale et alors que la tension monte progressivement aux quatre coins du territoire national et même à l’extérieur, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) souffle sur sa quarantième bougie. L’occasion pour l’éditorialiste de revisiter pendant quatre semaines le parcours et la trajectoire du Rdpc pendant ces quatre décennies qui furent loin d’être un long fleuve tranquille. Voici le troisième des cinq tableaux de cette chronique spéciale.
Si la deuxième décennie de vie du Rdpc (1995-2005) s’achève en beauté par l’éclatante victoire de Paul Biya à l’élection présidentielle de 2004, la troisième démarre sur les chapeaux de roues avec la tenue du troisième congrès extraordinaire du 21 juillet 2006. Le mandat du Président national est renouvelé sans anicroche. Un an plus tard, le Rdpc procède au renouvellement des bureaux de ses organes de base dans une ferveur démocratique sans précédent qui se poursuivra lors de la sélection des candidats du Parti aux municipales et législatives de 2007 remportées haut la main par le Parti. C’est le triomphe des primaires, cet exercice de démocratie interne apprécié par les uns et redouté par les autres.
La même année, Joseph Charles Doumba, aux commandes du secrétariat général du Comité central depuis 1992 et qui a redonné au Parti son lustre d’antan, est remplacé par René Emmanuel Sadi. Au moment de passer le témoin à son remplaçant après quinze ans de bons et loyaux services, il lui lègue un testament en trois mots : « si vous voulez réussir, faites le bien, travaillez bien et beaucoup et gardez la foi ». À la différence de son prédécesseur qui n’avait pas une équipe étoffée, René Sadi prend fonction avec un « gouvernement du parti » au grand complet. Pour la première fois depuis 1990, tous les postes du secrétariat du Comité central sont pourvus. Toutes les conditions sont réunies pour poursuivre en profondeur les réformes initiées depuis des années. La nouvelle équipe va s’y atteler, notamment le fonctionnement et l’organisation internes du secrétariat général. Un code de procédures administratives et financières est adopté ; le statut du personnel révisé, etc. Dans le domaine de la communication, la vulgarisation des textes de base est engagée.
Sur le plan politique, l’un des plus grands chantiers de la nouvelle équipe est la campagne de sensibilisation des militants et des populations sur la nécessité de la révision de la constitution en vue de faire sauter le verrou de la limitation des mandats. Dans les rangs mêmes du Parti, certains qui pensaient que Paul Biya effectuait son dernier mandat depuis 2004, traînent les pieds et ne se montrent guère enthousiastes. La bataille des clans et des camps fait rage. Néanmoins, la constitution est révisée par voie parlementaire en 2008 dans un contexte quasi insurrectionnel qui rappelle les années de braise. Le Parti résiste à la bourrasque et lance les préparatifs de son troisième congrès ordinaire. Il se tiendra en septembre 2011, quelques mois seulement avant l’élection présidentielle.
Au terme de ces assises baptisées « la nouvelle dynamique », les instances dirigeantes du parti sont renouvelées de fond en comble ; plus de femmes et de jeunes entrent au Comité central ; les textes du parti subissent un toilettage en profondeur. Avec tout ce sang neuf, l’élection présidentielle n’est qu’une formalité. Le président Paul Biya est réélu de manière magistrale. Dans la redistribution des cartes qui clôture cette séquence électorale, René Emmanuel Sadi quitte le secrétariat général du Comité central et est remplacé par Jean Nkuété, un fidèle parmi les fidèles, présent au plus haut niveau du parti depuis 1985.
La troisième décennie du parti aura donc vu trois secrétaires généraux se succéder au Comité central. La feuille de route est déjà tracée. L’un des tout premiers chantiers de Jean Nkuété sera la mise en place des coordinations départementales et régionales pour parachever l’implantation territoriale du Parti.
Prochain article : après la fête… (4/5)