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Les 40 vies du RDPC (1/5)

En ce mois de mars 2025, trente-deux semaines avant une élection présidentielle cruciale et alors que la tension monte progressivement aux quatre coins du territoire national et même à l’extérieur, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais souffle sur sa quarantième bougie. L’occasion est propice pour l’éditorialiste de revisiter pendant quatre semaines le parcours et la trajectoire du RDPC pendant ces quatre décennies qui furent loin d’être un fleuve tranquille. Voici le premier des cinq tableaux de cette chronique spéciale.

Le RDPC aura donc 40 ans le 24 mars prochain dans un contexte où les défis, les enjeux, les risques et les menaces semblent avoir été multipliés par 40 ! Quoi de plus normal que de passer alors à la vitesse et à la puissance 40 ! On est en effet bien loin de l’euphorie de 1985 et des années post-parturition. Le RDPC pouvait alors se permettre toutes sortes de tests et d’expériences, notamment la démocratie interne et la pluralité des candidatures dans ses rangs. L’impact n’allait pas plus loin que les cercles du Parti. Depuis 1990, la concurrence éventuelle annoncée par le Président national au congrès de la même année est devenue de plus en plus en plus âpre et féroce.

Malgré  les victoires électorales toujours plus confortables et des réformes structurelles visant à consolider et à renforcer son implantation territoriale, le RDPC doit affronter une adversité multiforme. Certains de ses adversaires sont connus; d’autres le sont moins et font partie d’une nébuleuse aussi diffuse qu’insaisissable qui regroupe les influenceurs et intervenants des réseaux sociaux, des leaders de la société civile, des représentants des organisations internationales et des chancelleries occidentales, etc. Sans oublier les militants atteints de lassitude ainsi que les déçus, les insatisfaits et les oubliés de la politique du Renouveau. Comme une guérilla, le combat politique au Cameroun tend à devenir asymétrique. Ce magma incandescent bouillonne dans les profondeurs du Parti et en dehors. L’essentiel est d’éviter que ces forces telluriques ne se transforment en éruption volcanique. Comment y parvenir? Telle est la question à laquelle nous allons tenter de répondre dans ce premier épisode sur cinq en replongeant dans l’histoire du parti de ces quarante dernières années.

Les cycles de vie du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais ressemblent à un perpétuel recommencement. En 1990 déjà, cinq ans seulement après sa création, le RDPC est attaqué de toutes parts. A l’intérieur comme à l’extérieur. Les nouveaux convertis à la démocratie et au multipartisme ne jurent que par sa perte. Les mots « magiques » prononcés par Paul BIYA à l’ouverture du congrès de juin 1990 (« Le RDPC doit se préparer à affronter une éventuelle concurrence ») ne suffisent pas à limiter les dégâts. La bête est aux abois; les chasseurs et leurs chiens sont prêts pour la curée.

Malgré les coups et les blessures, l’animal s’en sort in extremis. Les législatives de mars 1992 et la présidentielle d’octobre de la même année constituent un sérieux avertissement. Le parti sauve miraculeusement les meubles. À partir de cet instant, il engage de profondes réformes axées sur la politique de proximité, l’ouverture du parti aux femmes et aux jeunes; le primat de la pensée et de l’action, etc. Ces réformes  sont contenues dans les résolutions du premier congrès extraordinaire du 7 octobre 1995 et celui ordinaire de 1996. Le Parti sonne ainsi la révolte, confirme sa détermination à effectuer une remontada dans les urnes.

Ce RDPC newlook comprend enfin qu’à l’ère et à l’heure de la concurrence, la politique, la vraie, est au service de la vie qui, elle-même, est supérieure et antérieure à la politique. Le RDPC comprend également que ce combat vital se mène sur le terrain et que les militants ne vivent pas seulement de foi et de doctrine idéologiques mais aussi et surtout d’actions concrètes et de résultats probants pour lutter contre la pauvreté et améliorer leurs conditions de vie.

Ce fut un tournant majeur et le début de la remontée dans les urnes en 1996 (municipales) et en 1997(législatives de mai et présidentielle d’octobre).  Après les doutes et l’ébranlement des premières années face à la concurrence, la première décennie d’existence du parti s’achève ainsi par une embellie électorale grâce à un travail acharné de conception en laboratoire et une présence active et effective sur le terrain aux côtés de toutes les catégories sociales. La tenue de deux congrès consécutifs en 1995 et en 1996 n’est pas étrangère à cette remontada.

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