2015_2025 : l’âge de vérité (4/5)
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais a célébré lundi dernier ses quarante ans dans une ferveur militante et un élan patriotique sans précédent. La mobilisation était de taille sur toute l’étendue du territoire national et même à l’étranger. Quoi de plus normal lorsqu’on sait qu’il reste vingt-neuf semaines avant l’élection présidentielle du mois d’octobre pour laquelle le Parti s’est d’ores et déjà mis en ordre de bataille pour soutenir la candidature de son président national, Paul Biya. Depuis le 5 mars, nous avons décidé de passer en revue dans cette rubrique les quatre décennies d’existence du Rdpc. Avant l’épilogue (provisoire) de la semaine prochaine qui portera sur l’après-fête et les perspectives, voici le quatrième des cinq tableaux de cette chronique spéciale.
La décennie 2015-2025 porte l’empreinte de Jean Nkuété. Il est nommé Secrétaire général du comité central en décembre 2011 trois mois après le congrès de la Nouvelle Dynamique de septembre 2011, et dans la foulée de la prestation de serment du président réélu et la formation du nouveau gouvernement. Il aura la lourde charge de mettre en œuvre les importantes résolutions du troisième congrès ordinaire. Cette nomination ne surprend personne puisque Jean Nkuété reste l’un des derniers compagnons les plus fidèles du Président Paul Biya.
La proximité et la confiance entre les deux hommes ne datent pas d’aujourd’hui. Membre du Comité de rédaction de la commission de politique générale du congrès de Bamenda en 1985, il n’a pratiquement plus jamais quitté les hautes sphères du Parti. Illustration supplémentaire de cette idylle qui n’a pris aucune ride malgré le temps qui passe, avant d’être nommé secrétaire général du comité central en 2011, Jean Nkuété occupait depuis 2007 les fonctions de Secrétaire aux affaires économiques. Il conserve les deux casquettes jusqu’à ce jour. Refermons la parenthèse.
C’est donc à ce militant de la première heure au sens noble de cette expression, qu’incombe la responsabilité d’administrer le parti au quotidien sous la direction éclairée du Président national.
Avant d’attaquer les grands chantiers politiques, il s’assure que les collaborateurs et le personnel bénéficient des meilleures conditions de travail possibles.
Après les municipales et les législatives de 2013, le renouvellement des bureaux des organes de base de 2015, le premier grand chantier porte sur la mise en place des délégations permanentes départementales et régionales. La restructuration territoriale est terminée avec la généralisation et la systématisation des sections d’arrondissement. Le parti compte désormais autant de sections que d’arrondissements ou de communes. Cette évolution correspond également avec la mise en œuvre de la décentralisation.
Toutefois, compte tenu des enjeux électoraux, il faut des structures de coordination et d’encadrement au niveau des circonscriptions que sont les départements et les régions. Les délégations permanentes départementales (Dpd) et régionales (Dpr) sont ainsi créées et les responsables nommés en 2016. Le secrétariat général peut dorénavant se consacrer à ses missions de conception et de prospective. Un Secrétariat à la Formation et à la Prospective est d’ailleurs créé et sont nommés les responsables de l’Académie du Parti tant réclamée par les militants en souvenir de l’Ecole des cadres. L’autre avantage et non des moindres est la présence davantage permanente des hauts cadres du Parti sur le terrain pour accompagner la base, qu’il s’agisse d’événements heureux ou malheureux. Cette très grande proximité est encouragée par le Secrétaire général lui-même, homme au contact et d’accès faciles, affable et humble par nature et qui a fait de la compassion un élément essentiel de sa personnalité. Les militants ressentent la présence et la chaleur de la hiérarchie du parti à leurs côtés et ils apprécient.
Cependant, malgré sa bonhomie, Jean Nkuété veille scrupuleusement sur les finances du Parti et par-dessus tout, il ne badine pas avec le respect de la discipline. Les militants ayant pris des libertés avec ce sacro-saint principe l’ont appris à leurs dépens. La commission de discipline ad hoc fait désormais figure d’épouvantail et le président national n’hésite pas à suivre ses recommandations en infligeant des sanctions sévères allant jusqu’à l’exclusion. On peut être un grand parti de Rassemblement et ne pas tolérer l’indiscipline. Qui aime bien châtie bien…
Fort de ce retour aux fondamentaux et malgré les remous causés par le recours systématique au consensus comme mode de sélection des candidats du parti au détriment des primaires ouvertes, le Rdpc a conservé son leadership partout où cela était nécessaire. Paul Biya a été réélu triomphalement en 2018 ; le Rdpc est majoritaire à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans les Conseils Régionaux et Municipaux. Ces résultats électoraux confirment l’épanouissement du Parti, son ancrage territorial et l’adhésion des militants et des populations à ses idéaux. C’est incontestablement l’âge de la vitalité, de la maturité et de la vérité.
La cerise sur le gâteau du 40è anniversaire serait par conséquent la réélection de Paul Biya en octobre prochain pour un huitième mandat : quatre quinquennats et cinq septennats.
Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut…Un pari et un défi que les militants s’engagent à relever. Impossible n’est pas Rdpc…