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L'Editorial

Les 40 vies du RDPC (2/5)

1995-2005: la consolidation des acquis 

   En ce mois de mars 2025, trente et une semaines avant une élection présidentielle cruciale et alors que que la tension monte progressivement aux quatre coins du territoire national et même à l’extérieur, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais souffle sur sa quarantième bougie. L’occasion pour l’éditorialiste de revisiter pendant quatre semaines le parcours et la trajectoire du RDPC pendant ces quatre décennies qui furent loin d’être un long fleuve tranquille. Voici le deuxième des cinq tableaux de cette chronique spéciale.

   On l’a écrit ici la semaine dernière: entre 1985 et 1995, le RDPC a frôlé la correctionnelle au cours de sa première décennie d’existence et s’il n’a pas succombé aux maladies infantiles, il doit sa survie à une présence permanente sur le terrain et à un changement de logiciel dans le discours et la pratique politiques. Le parti en récolte de juteux fruits dès les municipales de 1996 même s’il perd les grandes villes. Ce redressement dans les urnes se poursuivra en 1997 à l’occasion des législatives du mois de mai et de la présidentielle d’octobre. À la faveur de « la démocratie apaisée », véritable coup politique et trouvaille géniale de Paul BIYA, le RDPC élargit sa base électorale et stabilise son pouvoir. Les adversaires d’hier deviennent des partenaires. L’UPC et l’UNDP viennent rejoindre le MDR au sein de la majorité présidentielle et parlementaire au nom de la politique d’ouverture et du partage du pouvoir. Même le SDF, le plus irréductible de ces adversaires a eu droit à la main tendue. C’est dire…

    Il n’empêche: malgré ces victoires et ces avancées, le RDPC n’est pas à l’abri de soubresauts et de secousses internes. Les préparatifs et l’organisation du deuxième congrès extraordinaire sont fortement perturbés par l’irruption sur la scène et les revendications portées par le courant des modernistes. Ces derniers exigent des réformes profondes dans l’organisation et le fonctionnement du Parti. La réaction de la direction du Parti est quelque peu surprenante: pas de chasse aux sorcières. En gros, les instances dirigeantes estiment que si certaines revendications et critiques sont fondées, la méthode et la manière elles ne sont pas du tout appropriées. Rien de nouveau sous le soleil alors? Les militants les plus anciens se souviennent sans doute d’un phénomène similaire qui avait agité le parti dans les années 1990 sous la dénomination de « courant des forces progressistes ».

   Le congrès de 2001 se déroule néanmoins sans encombre et renouvelle sa confiance absolue à Paul BIYA. L’impulsion donnée au cours de ces assises porte le parti pendant les doubles scrutins des législatives et des municipales de 2002 avec en ligne de mire la présidentielle de 2004. À l’issue de ces trois scrutins, le RDPC retrouve la plénitude de son pouvoir aux niveaux municipal, législatif et tient fermement la clé de voûte des institutions qu’est la présidence de la république. Avec la maitrise de ces trois leviers institutionnels, tout est désormais possible et les conditions réunies pour transformer le quotidien des populations. Hélas, l’énergie et l’entrain que le parti met à conserver le pouvoir semblent inversement proportionnels à l’usage qu’il en fait. S’il est plus facile en règle générale de parvenir au sommet que de s’y maintenir, il semble également plus facile de conquérir ou de conserver le pouvoir que de l’exercer, notamment en termes de satisfaction des attentes des populations. Tel est le défi majeur auquel est confronté le RDPC depuis la restauration du multipartisme.

   Il ne suffit plus seulement de gagner des élections pour les gagner ou de conserver le pouvoir pour le pouvoir. Le peuple veut et attend des réalisations et des actes en vue de l’amélioration de ses conditions de vie. Sans doute pour montrer qu’il a bien compris le message, le candidat-président Paul BIYA placera désormais ses mandats électifs sous le signe des « grandes réalisations », des « grandes ambitions » ou des « grandes opportunités ». Des actes, des actions, des réalisations!

    En deux décennies, le RDPC a vacillé mais n’a pas plié. Il a tiré des leçons de ses faiblesses et de ses fragilités. Il a plus que survécu. Il a sauvé l’essentiel: rester le parti leader de l’échiquier politique national. Et la troisième décennie de son existence(2005-2015) prouve qu’après la phase de maladie et de convalescence, la guérison tombe toujours à point nommé pour un malade qui a la volonté de vaincre son mal.

 Prochain article (3/5): 2005-2015: La guérison mais gare à la rechute

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