Le Cameroun abrite du 7 au 10 avril 2025, la 111ème édition du Conseil international du cacao. Une consécration pour le pays qui détient désormais la présidence de ce Conseil.
C’est dans une salle archicomble que le ministre du Commerce du Cameroun, Luc Magloire Mbarga Atangana, en sa qualité de président du Conseil international du cacao, a procédé à l’ouverture des travaux le mardi 8 avril à Yaoundé, après ceux d’Abidjan en septembre 2024. Après les mots de bienvenue du représentant du maire de la ville, Michel Arion, le directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (Icco) et la représentante des pays importateurs de cacao ont relevé l’importance des travaux qui s’articulent autour de plusieurs sessions techniques et stratégiques et qui ont démarré la veille par des travaux en commissions.

Dans son discours d’ouverture, le ministre camerounais a d’entrée de jeu remis sur la table, le plaidoyer du Cameroun pour une meilleure rémunération des producteurs : « Les producteurs ne reçoivent pour leur cacao que 5 à 10% de la valeur du chocolat acheté par les consommateurs ; tandis que les autres se partagent les 90 ou 95% restants. L’équité plaide pour une augmentation du prix payé aux cacaoculteurs », a-t-il déclaré, sous un tonnerre d’applaudissements des délégués venus des pays producteurs, des pays importateurs et de tous les maillons de la chaine de valeur de cette spéculation dont le chiffre d’affaires annuel est de plus 100 milliards de dollars US, soit près de 60 000 milliards de francs CFA.
Pendant quatre jours, les débats vont notamment tourner autour de la durabilité de la filière, l’accès aux marchés européen et nord-américain, la rémunération des producteurs et la transparence, les opportunités de la stimulation de la demande avec pour point d’orgue, la création d’une bourse africaine de cacao, dont le Cameroun est pressenti pour en abriter le siège. L’objectif étant de permettre aux pays producteurs africains d’avoir une meilleure maîtrise des mécanismes de fixation des prix à l’international.
Elevé à la présidence du Conseil international du Cacao lors des assises d’Abidjan en septembre dernier, il s’agit d’une consécration qui, selon le ministre Mbarga Atangana, « est à mettre au crédit du chef de l’État, S.E Paul Biya pour la pertinence de ses choix et orientations en faveur des filières des produits de rente et, plus spécifiquement, du cacao et du café ». Une désignation du Cameroun à cette haute fonction intervient dans un contexte particulièrement crucial pour l’avenir de la cacaoculture mondiale. Les résolutions de ces travaux revêtent une importance capitale tant pour les pays producteurs que pour les importateurs, transformateurs et industriels.
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« Le marché n’est pas juste, et il faut que ça change »
Le maître mot c’est la transparence ; on ne peut pas travailler sans transparence. Ce qui veut dire qu’entre pays producteurs on se compte d’abord. Nous devons savoir ce que nous représentons, nous les pays producteurs. Imaginez un cas où on nous annonce un excédent de production. Un marché, c’est mécanique. C’est-à-dire les volumes, mais c’est aussi l’information et quand on donne une fausse annonce, cela veut dire qu’on ne veut pas que les choses s’améliorent en termes de rémunération pour les producteurs. L’autre transparence, c’est vis-à-vis de l’industrie ; les informations de la production sont sur la place publique, mais au niveau de l’industrie, on ne sait rien des stocks, quel est le volume de broyage dans les pays consommateurs. Le marché n’est pas transparent, il n’est pas juste et il faut que ça change.

« Les prix sont bons, mais on peut faire mieux »
Vous devez savoir qu’il y a 20 ans, on ne pouvait pas parler du prix à l’Icco, on ne pouvait pas parler de transparence. Il a fallu des gens courageux comme le ministre Mbarga Atangana pour aborder cette problématique à l’international. Actuellement les prix ne sont pas mauvais mais on peut mieux faire. Quand on regarde la courbe des prix de 1974 à aujourd’hui, il y a des moments où la tonne était à 15 000 dollars, donc on peut mieux faire. Mais l’inquiétude que nous avons c’est que si le prix augmente de façon importante, cela serait-il profitable pour nous ? Il faut créer des conditions pour que cela nous profite. Si nous n’avons pas les chiffres sur les stocks, les broyages, les produits semi-finis, nous ne pouvons pas élaborer des stratégies. C’est à cela que nous allons nous atteler.

« Une rémunération équitable des producteurs »
Nous disons depuis des années que nous n’aurons pas un niveau acceptable de rémunération des producteurs si le prix n’augmente pas à l’international. Aujourd’hui nous avons ce niveau élevé des prix depuis un certain temps. La première question c’est comment faire pour que ça se maintienne. Le second point c’est que même si les prix sont élevés, est-ce que les producteurs reçoivent une rémunération équitable. Quand la part relative de rémunération des producteurs est de 5 ou 7%, il est clair qu’il y a un problème.
Claude MPOGUE