Le Cameroun a célébré hier sur l’ensemble du territoire national la 53ème édition de la fête de l’unité. Dans les villages, les 360 arrondissements, les chefs-lieux de départements et de régions, on a constaté le même engouement, la même ferveur patriotique, la même effervescence populaire. Preuve s’il en est que l’unité au Cameroun est loin d’être un vain mot. Il n’en reste pas moins que cette clameur et ce raz-de-marée venus des profondeurs du pays ne parviennent pas à égaler ce qui se passe dans la capitale au même moment. Normal : Yaoundé reste le siège des institutions et à chaque édition, Yaoundé a toujours le fin mot du 20 mai : une magie particulière, une ambiance où se mêlent le mystère, la solennité et le charisme ; un parfum envoûtant de force, de séduction et de démonstration.
L’édition de cette année n’a pas échappé à cette alchimie, entendue comme une transformation d’une réalité banale et routinière en une fiction poétique et miraculeuse. Sauf qu’ici, on est loin de la fiction. Chaque année, au boulevard du 20 mai qui porte si bien son nom, les Camerounais essaient de « purifier l’impur » qui sommeille en eux en présence de Paul Biya, alchimiste en chef, président de la République et chef de l’Etat. Il s’établit alors entre le chef de l’Etat, les corps constitués nationaux, l’armée, les jeunes et les militants des partis politiques une osmose, une connexion qui transportent les uns et les autres vers l’objet de la célébration : l’unité nationale. Dans une transe collective mais lucide et rationnelle, la quête du graal s’empare des esprits et des corps.
Sans tomber dans le piège du culte de la personnalité, on peut se permettre d’affirmer que la seule présence de Paul Biya sur les lieux vient donner une touche particulière à ces instants magiques. On a beau le scruter sous toutes les coutures, ausculter son pas hésitant et essayer d’interpréter chacune de ses attitudes derrière son masque impassible de vieux politicien madré, il surprend et fascine toujours. Voilà quarante-trois ans qu’il joue le rôle principal de ce film, mieux, de ce « roman national » dont le scénario est écrit par tous les Camerounais. Et chaque année, il crève toujours l’écran.
Ce 20 mai 2025 était le dernier avant l’élection présidentielle d’octobre prochain, les régionales de décembre, les municipales et les législatives de février 2026. Les responsables politiques et leurs militants ne s’y sont pas trompés qui ont massivement pris part au défilé. Mais, la stature et le charisme de Paul Biya dominent tellement la manifestation et les autres acteurs. Comment ne pas lui rendre hommage lorsqu’on voit un carré spécial des forces armées nigérianes ouvrir le défilé et saluer respectueusement le chef de la nation camerounaise ? Comment ne pas saluer la clairvoyance de cet homme qui a privilégié le règlement pacifique du conflit de Bakassi à une guerre contre le pays voisin et frère qu’est le Nigeria ?
Comment ne pas reconnaître son flair, son doigté et son leadership lorsqu’on voit défiler, danser et chanter comme dans un kaléidoscope ces jeunes enfants aux tenues bigarrées et chamarrées ? Le Cameroun est un melting-pot et Paul Biya en connaît toutes les saveurs ainsi que les ingrédients au bout des doigts. Voilà sans doute pourquoi les Camerounais lui demandent de rempiler encore pour sept ans.
Comment lui-même ne serait-il pas fier d’être le Président national du Rdpc lorsqu’il voit chaque année les vagues de militants de ce parti, composées de jeunes, de femmes et d’hommes d’origines diverses, déferler au boulevard du 20 mai, battre fièrement et patriotiquement le macadam et chanter à tue-tête pour lui réaffirmer leur soutien ?
La 53ème édition de la fête nationale a tenu toutes ses promesses. Une fois de plus. L’alchimie du 20 mai ne disparaîtra pas par enchantement ou par un coup de baguette magique. Les Camerounais de bonne volonté, les militants du Rdpc et leur Président y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Vivement le 20 mai 2026 après le grand chelem aux prochaines consultations électorales !