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L'Editorial

Le credo de l’unité nationale

Les Camerounais célèbrent mardi prochain, 20 mai 2025, la 53ème édition de la fête nationale de l’unité. Si la nation reste globalement unie malgré les coups de boutoir provenant de toutes parts, la classe politique affiche une désunion et une division inquiétantes. En dehors de quelques partis qui se mobilisent pour prendre part au défilé, les autres brillent par leur absence sur le terrain, très occupés par les questions de candidature à la présidentielle prévue en octobre de cette année. Aucune initiative, aucune activité de sensibilisation sur la problématique de l’unité dans un pays aussi complexe que le nôtre. Et pourtant, cette question est non seulement cruciale et capitale mais aussi inépuisable comme thématique. Chaque année, on peut trouver de nouveaux aspects, des angles de traitement inédits ; mais ça n’intéresse personne.

Ce qui mobilise davantage les partis politiques, c’est la perspective de la prochaine élection présidentielle. Même si le pays devait se disloquer en mille morceaux, leur attention ne serait pas détournée pour autant. L’heure est aux cachotteries et aux mesquineries. Les alliés d’hier traînent les pieds pour prendre position ; certains font du chantage pour faire monter les enchères. À chacun sa priorité. Et l’on constate plus que jamais que le Cameroun est une curiosité. On en avait déjà eu un avant-goût en 2018 lorsqu’un parti politique, avec une armada d’avocats, avait passé son temps à préparer le contentieux post-électoral plutôt qu’à faire campagne. Le manège avait échoué mais ils veulent remettre ça en 2025.

L’espace politique est ainsi pollué depuis plusieurs mois par un débat ou une polémique autour des conditions de candidature. Le juridisme, mieux, le fétichisme juridique est devenu le sujet de prédilection des camerounais. Chacun y va de son argument ou de son argutie qu’il croit imbattable ou indéboulonnable. Les factions créées rivalisent de références et d’exemples censés faire jurisprudence. Hélas, l’échange ressemble de plus en plus à un dialogue de sourds et accentue les divisions. Le conseil constitutionnel qui devra juger la recevabilité des dossiers de candidatures est même disqualifié d’office par certains acteurs. Ils auront beau jeu de se présenter comme des victimes expiatoires « du système » le moment venu. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude…

Tout semble mis en œuvre pour entretenir les tensions et alimenter la zizanie. On aurait pu espérer un climat plus propice à la consolidation de l’unité nationale. Que non ! Pendant ce temps, certains acteurs politiques et universitaires ont cru devoir transformer la scène politique en un amphithéâtre d’une faculté de sciences juridiques alors que les Camerounais attendent toujours de savoir quels seront les candidats à la prochaine élection présidentielle et de connaître leurs programmes.

Ceux qui en doutaient encore en ont maintenant la preuve : l’unité nationale n’est pas la priorité de certains hommes politiques camerounais. Mardi prochain, jour de la fête nationale, lorsque le Rdpc qui croit à cette valeur et l’a inscrite dans sa devise comme un credo (unité, progrès, démocratie) fera une démonstration de force dans tous les arrondissements, on entendra ça et là pousser des cris d’orfraie. À tort. Le Rdpc n’aura pourtant récolté que ce qu’il a semé.

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