Le directeur générale de ce barrage parle de ses performances et de son impact sur la vie des populations de la partie australe du pays.
L’Action : Monsieur le Directeur général, la fin des tests de performance annoncée pour la fin du mois de Juillet 2022. Quand envisagez-vous la phase de commercialisation du barrage de Mekin, qui injecte plus de 11.2MW dans le Réseau Interconnecté Sud depuis le 13 juin 2022 ?
Pr. Fréderic Biya Motto : Les tests de performances étaient une réponse aux préalables de la phase de commercialisation. En effet, la phase commerciale est conditionnée par l’obtention des instruments juridiques, à savoir la concession de production et la licence de vente. Pour ce faire, le barrage de Mekin devait démontrer sa capacité à injecter dans le (RIS), en mode interconnecté, et les tests de performance démarrés le 13 Juin ont apporté une réponse claire à ce préalable : le barrage de Mekin est prêt à entrer dans sa phase de commercialisation. Il me plaît de rappeler que l’une des résolutions du ministre de l’Eau et de l’Energie lors de sa visite du 27 Juin 2022 à Mekin, était la mise sur pied d’un cadre de concertation visant à finaliser les actions à mener en vue de l’octroi de ces instruments juridiques. Je puis vous rassurer que les travaux se déroulent dans des bonnes conditions, toutes les parties prenantes sont en accord pour la finalisation des préalables instruits par le ministre.
Le ministre de l’Eau et de l’Energie a effectué le 27 Juin 2022 dernier, une visite d’évaluation de l’état d’avancement des tests de performance de la centrale de Mekin. Il en est d’ailleurs reparti très satisfait, selon vous les échos qui nous sont parvenus. Qu’est ce qui à votre avis, lui a procuré une telle satisfaction ?
Il faut admettre que depuis sa nomination à la tête de ce ministère, notre ministre de tutelle n’a ménagé aucun effort pour le fonctionnement effectif de l’aménagement hydroélectrique de Mekin, je ne le remercierais jamais assez pour tous ces efforts consentis en accompagnant Hydro-Mekin dans toutes ses phases ; cela s’est traduit par la mise sous tension des groupes 1 et 3 qu’il a effectuée le 24 Mai 2019. Dès lors, il a suivi de près tous les travaux qui se sont déroulés à Mekin à travers le groupe de travail qui avait été mis sur pied et dans lequel le directeur de l’Electricité de son ministère est membre actif. Lorsque nous avons atteint la puissance de 11.2 MW injectés dans le (RIS), le directeur de l’Electricité n’a pas manqué de porter cette information à l’attention du ministre. Raison pour laquelle, le Minee avait décidé de procéder à l’évaluation desdits tests dans l’optique d’instruire les différentes parties prenantes, sur les étapes à suivre devant conduire à la mise en service commerciale du barrage de Mekin, dans les meilleurs délais.
Cette visite était également destinée à apprécier le niveau d’avancement des travaux de réhabilitation de la ligne de distribution de 30KV Mbalmayo-Sangmélima- Ndjom Yekombo. Quelle en a été la conclusion ?
Au cours de sa visite, nous avons effectivement parcouru la ligne de distribution sus-citée, et le ministre avait instruit la structure en charge de la maintenance de ladite ligne de prendre des dispositions afin de la rendre plus disponible. Rappelons que la réhabilitation de cette ligne permettra à la centrale de Mekin, de couvrir les charges du département du Dja et Lobo et une partie du Nyong et So’o, ce qui ne sera pas à négliger en termes d’apport sur la stabilité de l’énergie électrique dans ces différentes circonscriptions administratives. Aussi, cela permettra aux groupes de l’installation de production de Mekin de fonctionner au maximum de leurs puissances et on avoisinerait la puissance maximale à produire.
La présence dans la délégation du ministre de tutelle des directeurs généraux de quasiment toutes les sociétés du secteur de l’électricité (Sonatrel, Arsel, Edc, Eneo,) ne cacherait-elle pas quelques soucis de collaboration entre toutes ces structures ?
Vous avez cité les différentes parties prenantes du projet de Mekin, je dirais même les acteurs clé de ce projet :
Sonatrel : Entreprise en charge du transport de l’électricité ;
Arsel : Régulateur du secteur de l’électricité en charge de l’instruction des dossiers d’instruments juridiques et de leur conformité ;
Edc : Structure en charge du patrimoine de l’électricité du Cameroun et membre du Conseil d’administration de Hydro-Mekin ;
Eneo : Structure en charge de la distribution et client potentiel de Hydro-Mekin.
Vous convenez avec moi, que l’absence d’une de ces entreprises n’aurait pas véritablement permis à notre ministre de tutelle de bien apprécier le résultat obtenu au cours des tests de performance et d’instruire chaque partie, de poser les actions concourant à la mise en service commerciale du barrage de Mekin. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de remercier solennellement tous ces différents responsables pour toute la bonne collaboration dont ils ont fait montre durant toutes ces années. En toute modestie, je souhaiterais leur attribuer le dénouement final qui viendra placer le barrage de Mekin sur la même échelle que Lagdo, Songloulou et Edea dans l’hydroélectricité. Et je souhaiterais que cette collaboration soit maintenue voire renforcée lors de la réalisation des prochains travaux que le gouvernement voudrait bien accorder à la société Hydro-Mekin.
Les populations continuent de se plaindre des coupures d’électricité. Qu’est ce qui peut encore les justifier?
Comme je l’ai mentionné plus haut, la maintenance des différents réseaux de distribution permettra aux populations de bénéficier de l’énergie produite par la centrale de Mekin de façon continue. Il est bien vrai qu’il y’a des actions à mener à long terme afin de remédier définitivement à ces désagréments ; il s’agit par exemple de :
- La construction d’une ligne de distribution 30kV : poste Ndjom Yekombo- Sangmélima,
- La construction d’une ligne de transport 90kV : poste Ndjom Yekombo- poste Ekombitié (Mbalmayo)
Pour l’instant, Hydro-Mekin se limite à mettre à la disposition de la structure en charge de la distribution, l’énergie en fonction de la disponibilité du Réseau. Mais les populations devraient savoir que l’incapacité d’évacuer la totalité de notre puissance pose aussi des dommages au rendement de nos groupes, c’est une peine partagée. Notre souhait étant d’évacuer le maximum de capacité possible au profit des populations, des commerces, des administrations locales et d’ailleurs.
Quelle assurance donnez-vous aux populations qui attendent beaucoup de la centrale hydroélectrique ?
Parler d’assurance voudrait dire que tout dépend de Hydro-Mekin, ce qui n’est pas totalement le cas ; il s’agit d’un projet qui réunit plusieurs sectoriels des ministères. Mais en ce qui concerne les missions qui avaient été assignées à la société Hydro-Mekin à travers son décret de création, je dirais que la première phase est atteinte à savoir : la conception, le financement, la construction et l’exploitation de la centrale hydroélectrique de Mekin. Quant aux autres aspects pour lesquels la société Hydro-Mekin n’est pas totalement interpellée au premier plan, comme nous l’avons toujours fait, nous allons saisir les structures en charge de ces aspects pour apporter une solution aux attentes des populations.
Outre la production hydroélectrique, vous étiez également attendu sur les chantiers tels que la promotion des activités agro-sylvo—-pastorales, le développement de l’écotourisme, ou encore la valorisation du potentiel halieutique du bassin du Dja. Où en êtes-vous avec ces autres volets de votre projet ?
La priorité qui nous a toujours été rappelée était l’achèvement du barrage de Mekin, bien que les travaux soient achevés en 2016, et la réception partielle de l’aménagement ayant eu lieu le 22 janvier 2019 ; il nous a toujours été martelé de nous concentrer sur la mise en service commerciale du barrage de Mekin. Rendu à la dernière ligne, je peux me réjouir que cette priorité ait été accomplie, nous pourrons désormais entreprendre les autres volets que vous avez si bien rappelés. A cet effet, je souhaite faire savoir que j’ai personnellement pris part à la semaine économique et culturelle organisée à la Haye du 10 au 15 Mai 2022. La participation à cet événement m’a permis de présenter les réalisations effectuées en prélude à la mise en service commerciale de l’aménagement hydroélectrique de Mekin d’une part, et d’envisager les sources de financement appropriées pour les projets matures en attente, d’autre part. Au regard de l’intérêt que les participants ont marqué sur les différents projets présentés, sans risque de me tromper, il y’a de quoi se montrer optimiste : des partenariats seront noués dans les prochains mois.
A terme, quel sera l’impact socio-économique de ce projet pour le Cameroun ?
Rappelons que la société Hydro-Mekin a été créée dans le but de résorber le déficit énergétique dans la partie australe et environs, à travers l’injection de 15 MW aussi bien en mode interconnecté qu’en mode iloté. La mise en service commerciale à venir du barrage de Mekin viendra à coup sûr booster le développement des industries dans cette partie du pays et ailleurs. Sans oublier les activités connexes qui créeront des emplois et des plus-values dans cette partie australe mais aussi dans tout le Cameroun ; étant donné que les produits issus de la pêche, de l’agriculture et du tourisme auront un impact positif dans l’ensemble du territoire national, comme c’est le cas actuellement avec la production d’électricité venant de la centrale hydroélectrique de Mekin.