C’est le sentiment qui anime les patients qui fréquentent ces formations sanitaires depuis deux semaines environ dans la ville de Yaoundé. Les hôpitaux ont-ils unilatéralement et délibérément décidé d’augmenter les tarifs de certaines prestations ? Enquête.
Hôpital de district d’Efoulan ce mardi 14 février 2023, il est 7h23 mn environ. Dans la cour interne, une file de patients attend devant la caisse principale. A la mine de ceux qui sont déjà servis, rien d’anormal ne se passe. André se sent malade, il soupçonne un palu et voudrait être consulté par un médecin généraliste. Son ticket de cession indique qu’il a payé 1.000 f. Le même prix est requis pour la consultation prénatale. « Je préfère cette heure parce qu’au-delà de 15h30 mn, le prix change ». En effet, la grille des prix affichée sur le mur précise qu’après cette heure-là, il faut débourser 1500F. Ainsi que les prix de près de trois cents prestations. Aucune mention ne précise pour les autres consultations. La caissière approchée nous permet de savoir que, pour les soins infirmiers, il faut 3500 f, la mise en observation revient à 3.000f. S’il faut se faire consulter par un spécialiste, c’est 5.000 f, sans aucune autre précision. A la question de savoir si ces prix ont toujours été ainsi, la réponse est sans équivoque : « Ça varie souvent », lance-t-elle. Le premier médecin -une femme- à arriver vers 8h27mn n’est pas disert. « Renseignez-vous dans la salle en face ». C’est le pool des infirmiers d’où nous ne sortirons pas plus avancé que cela dans notre enquête.
A l’hôpital de district de Biyem-Assi quelques minutes plus tard, l’ambiance est presque la même. Des renseignements glanés çà et là font savoir que les prix sont pratiquement identiques. A quelques petites différences près. Cela dépend des jours de consultation des médecins, apprend –on. Lorsqu’il n’est pas programmé et qu’il est de passage, le prix grimpe. « Parce qu’il n’a pas rendez-vous, donc c’est considéré comme des heures supplémentaires qu’il faut payer en conséquence », confie Françoise, une infirmière. En milieu de semaine dernière, nous avons également rendu visite à l’hôpital d’Ekombité à Ebolowa. Ici les prix sont variables, avec une base qui surfe entre 2.000f et 2.300 f. pour les spécialistes, il faut aller chercher entre 4.000f et 6.000 f en fonction de la pathologie. Pas de note de service qui les fixe. Du côté du centre hospitalier régional d’Ebolowa, la consultation du médecin généraliste coûte 600 f tandis que celle du spécialiste revient à 3.000f. Quelle que soit la pathologie.
C’est l’hôpital central de Yaoundé qui a sonné le glas. La hausse des prix a donné des vertiges aux patients, passant du simple au (presque) double. 3.500 f à 5.000f pour les consultations des spécialistes et de 10.000f à 15.000f pour celles des Vip. Sur les raisons de cette augmentation, aucun médecin joint au téléphone ne veut se prononcer. Encore moins la secrétaire du directeur de l’hôpital qui lance laconique : « Est-ce que lorsque la bayam-salam (revendeuse, Ndlr) de Mokolo, augmente le prix du macabo vous faites aussi le même travail ? ». Même la major du service d’urologie rencontrée ce mardi 14 février 2022 se limite à dire qu’il y a deux semaines que cela s’est passé, sans plus. La précision viendra du directeur de l’hôpital lui-même : « En réalité, ce n’est pas une augmentation. Nous avons juste combiné les trois étapes qui conduisent à la rencontre avec le médecin. Ce que les patients paient de la cession, à la prise des paramètres, avec l’octroi du code barre et la consultation proprement dite. C’est l’ensemble de ces frais qui revient à 5.000 f », explique le Pr. Joseph Fouda. Il ajoute pour conclure qu’: « En réalité, c’est pour faciliter la procédure et la prise en charge du malade que nous sommes parvenus à cette décision ».
William MONAYONG