«J’ai décidé de convoquer, dès la fin du mois en cours, un grand dialogue national qui nous permettra, dans le cadre de notre Constitution, d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de notre Nation ».
Tel un oracle, le président de la République a déclamé sa parole. Et on ne dira pas qu’elle n’est pas entendue, car sans ambiguïtés, dite dans un langage empreint de sincérité, de simplicité et de pédagogie. Paul Biya a fait la démonstration de la maitrise de son sujet, des enjeux de l’heure et de l’impératif d’une vaste concertation qui va intégrer toutes les préoccupations des compatriotes des zones en crises mais aussi de toutes les régions du pays.Il n’y a donc plus de place au doute : la proposition de dialogue va au-delà des spéculations et des supputations qui avaient enflammé la toile autant que les médias traditionnels écrits et audio-visuels et qui ont ajouté aux attentes légitimes du peuple camerounais, la contingence d’une adresse présidentielle.
Il était temps, diront certains. Et le président n’a pas été avare en promesses et en propositions concrètes, ouvrant la voie à un immense espoir pour ses compatriotes. Le dialogue, variante essentielle du discours présidentiel depuis le début de ce que l’on peut qualifier aujourd’hui d’autisme de la part des extrémistes sécessionnistes, a toujours été le socle de la politique de Paul Biya. Et c’est une constance aussi bien dans ses actes que dans ses discours. La particularité de la présente adresse est certainement dans le soin pris pour encadrer la volonté présidentielle : « Le dialogue dont il est question, précise-t-il, concernera principalement la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Mais il est évident qu’en cela même il touchera à des questions d’intérêt national, telles que l’unité nationale, l’intégration nationale, le vivre-ensemble, il ne saurait intéresser uniquement les populations de ces deux régions.
Il aura donc vocation à réunir, sans exclusive, les filles et les fils de notre cher et beau pays, le Cameroun, autour de valeurs qui nous sont chères : la paix, la sécurité, la concorde nationale et le progrès. »Ceux qui ont suivi la pratique politique du Président ces trente dernières années savent bien que l’offre de dialogue est permanente, sachant par expérience que les extrémismes conduisent généralement à la perte et qu’aucune cause, aussi justifiée soit-elle, ne saurait se résoudre dans la violence, la discorde et le désordre.Puisant sa source dans l’histoire récente du pays, la méthode est bien éprouvée : les troubles socio-politiques des années 90 avec leurs cohortes de villes mortes, les revendications anglophones de la même période, la crise de la presqu’ile de Bakassi, les laborieuses réformes institutionnelles et politiques à travers la Tripartite, ont connu, à un moment ou à un autre, un cadre de dialogue où, dans la sérénité et avec un esprit patriotique, les camerounais de tous bords ont été appelés par Paul Biya à dialoguer et à trouver ensemble les solutions à leurs problèmes.
Dans le cadre des revendications corporatistes, des réponses appropriées ont été données, allant même au-delà de ce qui était demandé. Des cadres de concertations et de négociations ont été créés à travers la commission pour le multiculturalisme et le bilinguisme, à l’effet d’apporter plus de profondeur à l’idéal constitutionnelle d’une République bilingue une et indivisible. Et anticipant sur le temps et les événements, le comité de désarmement, de démobilisation et de réinsertion est à pied d’œuvre pour accueillir et soulager tous ceux et toutes celles qui auront pris des armes contre la République. En réalité le président n’a fait que multiplier les espaces de dialogue. Il vient encore d’ouvrir une grande brèche. A chacun qui aime ce pays de s’y engouffrer, avec engagement et patriotisme. Des réponses sécuritaires appropriées, un encadrement social de soutien accompagnant l’offre de dialogue ainsi que l’accompagnement matériel, moral et financier à tous ceux qui ont vu leurs vies brisées et spoliées par les violences, les tortures et les cruautés des bandes armées qui se réclament des mouvements sécessionnistes, apportent plus de crédibilité au discours et à l’action du Président.
Cette solidarité nationale, on l’a encore vu à travers les appels unanimes pour la reprise de l’école dans les zones sinistrées du Nord Ouest et du Sud Ouest, au moment des hommes et des femmes ayant perdu toute humanité, appellent encore au boycott.Or le jeu à sommes nulles engagé par certains politiciens de la dernière heure a pour objectif de briser cet élan patriotique et de distraire l’opinion. Dans un environnement complètement libéré et où la parole s’exprime dans l’espace public, on peut regretter que certains choisissent comme mode d’expression politique la défiance permanente des institutions et des autorités qui les incarnent. Loin du cadre démocratique que consacrent la Constitution et les lois de la République, l’héroïsme malhonnête et l’avènement des faux martyrs n’a pas seulement pour conséquence la déformation de la réalité des avancées réelles de l’espace politique camerounais, mais elles projettent une image de chaos et de désordre qui, certainement profite à ces trublions, si elles ne servent pas seulement de justificatif à des transactions mafieuses.
La main tendue présidentielle à travers l’appel pressent au dialogue, vient heureusement doucher les ambitions de ceux qui veulent que le pays sombre dans la division et le tribalisme. Arme politique et sociale par définition, le dialogue va permettre à tous les hommes de bonne volonté de redéfinir des rêves et des espoirs nouveaux pour ce pays tant respecté, craint et vénéré. L’histoire sait être sévère envers tous ceux, en état de rendre à la République sa grandeur, s’obstinent à saper ses fondements et ses fondations. C’est un nouvel appel à un sursaut national et patriotique.
Benjamin LIPAWING
