Ils nous avaient tout promis. Ou presque. On allait voir ce qu’on allait voir après leur passage au Cameroun.
On nous avait prédit plus qu’un orage tropical: au mieux une tempête; au pire un ouragan ou un cyclone. Leur réputation les avait précédés et leur arrivée fut effectivement tonitruante. Le diplomate américain et l’avocat français, présentés par une partie de la presse et des observateurs comme des Zorros en puissance ou des justiciers d’un nouveau genre, sont donc venus au Cameroun. Ils ont vu ceux et ce qu’ils avaient à voir et ils sont repartis. À défaut de vaincre, de redresser les torts, d’imposer leurs points de vue ou d’obtenir la libération de certain prisonnier, ils repartent sans doute convaincus de ce que la réalité sur le terrain est très différente des rapports des chancelleries, des états d’âmes sur les réseaux sociaux et autres articles ou compte-rendu de presse. Le Cameroun n’est certes pas un paradis mais il n’est pas non plus l’enfer ni le goulag que certains éprouvent tant de délectation à dépeindre.
Au terme de leur séjour, nos deux mousquetaires semblent avoir mis de l’eau dans leur vin; pour ne pas dire qu’ils ont presque ravalé leur chapeau. La maestria de Paul BIYA a encore fait son effet. On ne se réjouira pas pour autant de ces revirements. On n’insistera pas outre mesure sur ces reniements. Le mensonge a de courtes jambes, c’est connu… La vérité, elle, est implacable: les États Unis ont réaffirmé la solidité et l’importance de la relation avec le Cameroun. Comme quoi les bons sentiments n’ont pas de place dans les rapports entre États souverains. Seuls les intérêts comptent.
Les plus grands déçus de cette séquence, et c’est bien fait pour eux, doivent être ces hurluberlus et rêveurs locaux qui, avec le soutien de leurs complices à l’étranger, ont plongé le Cameroun dans un cauchemar. Leur désillusion et leur déception doivent être bien grandes. Ils s’étaient mis à échafauder les scénarios les plus romanesques voire rocambolesques sur l’issue de la situation au Nord-ouest et au Sud-ouest ainsi que sur le sort de certains détenus. Ils ont dû pleurer toutes les larmes de leurs corps à l’issue des visites de ceux-là qu’ils attendaient et présentaient comme des messies, des sauveurs ou des libérateurs. Pour eux, la montagne a accouché d’une souris; si tempête il y’a eu, c’était dans un verre d’eau. Espérons que cette leçon de realpolitik d’un jour leur servira toujours.
Toutes ces provocations, ces préjugés d’une autre époque et ces rodomontades ne doivent pas détourner les Camerounais et leurs dirigeants des vrais défis et enjeux de l’heure: la paix, l’unité, la concorde, la sécurité, le progrès en vue de l’émergence du pays. Quant à l’avocat, il a osé qualifier la situation judiciaire de son client d’ubuesque. On pourrait bien lui retourner le même adjectif suite à son scoop selon lequel son client, en détention préventive à Kondengui, voudrait rencontrer le Président Paul BIYA. À quel titre? Est-ce une manière pour lui de reconnaître enfin sa défaite lors de la présidentielle du 7 octobre? Il n’a qu’à le dire aussi simplement. Si une telle rencontre devait avoir lieu, elle se ferait alors au terme de la procédure judiciaire en cours entre un président élu et un citoyen ordinaire dont l’histoire retiendra qu’il est arrivé en deuxième position lors de la dernière élection présidentielle au Cameroun. Ubuesque et grotesque comme proposition!!!
En attendant, notre ami avocat devrait s’inspirer de ce qui se passe dans son pays où le Premier Ministre, dans une logique « d’optimisation sécuritaire » marquée par l’interdiction des manifestations et les contrôles inopinés, martèle : « lorsqu’une manifestation est non déclarée, interdite, qu’elle est organisée pour casser, tous ceux qui participent, qui protègent les casseurs, qui les encouragent ou les glorifient sur les réseaux sociaux se rendent complices ». Certes, comparaison n’est pas raison mais pourquoi demander, à situation quasi identique, indulgence, laxisme et tolérance au Cameroun alors que la fermeté, l’autorité et le respect de la loi sont salués en France? Les brutes, les vandales, les casseurs, les terroristes et leurs complices devraient tous subir, de la même manière, les rigueurs de la loi, sous toutes les latitudes.
De même que les Camerounais n’empêchent pas les autres de venir voir ce qui se passe au Cameroun, eux aussi ils observent l’évolution du monde. Alors, diplomates et avocats peuvent continuer à venir chez nous voir ce qui s’y passe. Ils rentreront toujours, convaincus par la réalité que refusent de voir les déçus et les aigris de l’intérieur. Tant pis pour eux.
Christophe MIEN ZOK