Comparaison n’est pas raison mais on ne peut s’empêcher d’observer la concomitance des velléités sécessionnistes des Régions anglophones du Cameroun avec la montée des mouvements séparatistes et indépendantistes à travers le monde entier.
Du Brexit à la Catalogne en passant par la Flandre en Belgique et dans une moindre mesure la Lombardie et la Vénétie en Italie, il y a lieu de constater que les forces centrifuges ont le vent en poupe dans de nombreux pays. Une telle dynamique peut surprendre à l’heure de la mondialisation triomphante.
Comment comprendre en effet ces replis identitaires alors que le monde devient de plus en plus un village global ? Au-delà des raisons économiques, émotionnelles, culturelles et linguistiques avancées ici ou là pour justifier ces « aventures » sécessionnistes, se cachent également, hélas, des calculs égoïstes qui mettent souvent à mal la solidarité nationale.
Une fois brandie -et usée- la corde sentimentale et émotionnelle qui tient lieu de ressort à la plupart de ces mouvements et groupuscules, la seule question qui s’impose à la logique rationnelle est la suivante : quid de la viabilité -territoriale, économique, internationale, etc- de ces entités tant souhaitées ? Sont-elles l’expression d’un nationalisme de puissance ou d’existence ?
Comparaison n’est pas raison car les situations diffèrent d’un pays à un autre. Mais pour autant, la communauté internationale n’a aucun intérêt à encourager la balkanisation des Etats souverains. Gare à l’effet domino !Hasard de calendrier, coïncidence ou signe de la providence, la « crise anglophone » au Cameroun a atteint son paroxysme en même temps qu’éclatait la « crise catalane » en Espagne. Dans l’un et l’autre cas, les deux Etats ont fait preuve de la même fermeté. Tout en rappelant, conformément à la Constitution, que la forme de l’Etat est non négociable, Paul Biya a néanmoins pris une batterie de mesures d’apaisement. En Espagne, le Premier Ministre est resté droit dans ses bottes : « On ne peut pas dialoguer avec ceux qui violent la loi et la Constitution ». Il a même reçu le soutien de l’Union européenne et de nombreux dirigeants européens attachés à « l’unité constitutionnelle de l’Espagne » et qui condamnent par ailleurs la démarche Catalane « car celle-ci ne s’inscrit pas dans les règles de l’Etat de droit ». Ce sont les mêmes qui, sans condamner les poseurs de bombes au Cameroun et les activistes qui empêchent les enfants d’aller à l’école, appellent au dialogue. Vous avez dit deux poids, deux mesures ? Que non ! Comparaison n’est pas raison.
A chaque pays sa situation et il lui appartient de trouver des solutions à ses problèmes en tenant compte de ses réalités, de ses traditions, de ses us et coutumes. Sans céder à la précipitation et à la pression des appels au dialogue « inclusif, franc, sincère, sans tabou », Paul Biya inscrit son action dans un double registre : fermeté-pas fermeture- et ouverture. Fermeté quant au respect de la Constitution dont il est le garant et ouverture pour la recherche des solutions pacifiques de sortie de la crise. Les missions d’apaisement et d’information prescrites par le Chef de l’Etat et qui viennent de séjourner pendant une semaine dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest participent de cette volonté de trouver une solution endogène à la crise. Si une porte de sortie doit être trouvée, elle le sera au Cameroun, avec des Camerounais et pour les Camerounais. Il n’y aura pas de copier-coller ou de solution prêt-à-porter. Comparaison n’est pas raison.
Christophe MIEN ZOK