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L'Editorial

L’homme de la situation :

De tous les mérites dont on crédite Paul Biya, les plus grands ne sont pas les plus évidents ou les plus visibles, ni même les plus quantifiables.

Bien loin devant son tempérament de pacifiste et d’humaniste unanimement salué de l’intérieur comme de l’extérieur, il y a incontestablement ce désir constant de paix, de dialogue et de préservation des valeurs humaines faites de tolérance et d’humilité. Mais plus encore, dans le silence et loin de cancans, une inébranlable volonté de vaincre l’adversité, de contourner les obstacles et de poursuivre obstinément l’objectif majeur qu’il s’est fixé : construire et bâtir une nation prospère, un pays émergent, où des femmes et des hommes habités par un même élan de cœur et de patriotisme, œuvrent pour le progrès et la grandeur du Cameroun. 
C’est de ce pari et de cette constance à poursuivre l’indispensable, à discerner et à discriminer le vrai de l’accessoire, que découle tout le reste. Sans cela, les événements attendus et redoutés dans les régions anglophones le 1er octobre dernier auraient pris une autre tournure, inévitablement désastreuse pour les populations et le pays tout entier. Et du coup, privés du certificat international de lutte contre la violence que leur auraient délivré les biens pensants défenseurs des droits de l’homme, les organisateurs du chaos ont perdu une manche. Les actes de provocation, de terrorisme et de vandalisme ont été contenus dans des proportions inespérées, les pyromanes ont eu le souffle court que même l’incendiaire déclaration et la valse gesticulatoire des évêques du Nord-ouest et du Sud-ouest n’ont pu entrainer le courant de blâmes et de réprobation espéré de la communauté internationale. 
Le grand dessein de Paul Biya, celui sans lequel rien n’aurait été possible, est malheureusement de ceux qui nécessitent un entretien constant et une culture permanente. La recherche permanente de la paix et du compromis sont des entreprises sans fin, qui ne connaissent ni trêve ni répit. Elles sont consubstantielles à la nature humaine. Et qui pourrait imaginer Sisyphe heureux devant cette tâche récurrente et ces efforts à répétition et sans relâche ? La patience et le nécessaire recul, l’abnégation et la volonté de construire, ajoutés à une grande connaissance des hommes et du pays, permettent à l’homme de maîtriser les situations, tout en ne sacrifiant ni l’amont ni l’aval. L’essentiel est toujours sauf. 
Là où les adversaires crient à une stratégie de pourrissement parfois préjudiciable au règlement rapide de certains conflits, l’homme du pouvoir oppose le flegme, l’apaisement et la fermeté s’il le faut. Même l’appel au dialogue lancé par Paul Biya, qui n’est pas assimilable à la capitulation, reste encadré par les exigences éthiques, patriotiques et de légalité républicaine. Tout doit se régler dans le cadre d’une république « une et indivisible ». La forme de l’État ne doit donc souffrir d’aucune remise en cause ni d’aucune contestation. Dès lors, loin de cette ligne rouge, tout est négociable et gérable.
Personne ne l’ignore et c’est bien ainsi : le contexte actuel fait de crises sociales, économiques, de terrorisme et de violence suscite des vocations et des ambitions multiples, y compris celles très suprêmes de diriger le Cameroun. L’ambition est légitime mais la tâche n’est pas aisée. Pour y arriver, loin des slogans et des déclarations d’intentions, il faudrait des programmes et projets alternatifs, une certaine idée des citoyens et du pays. Ce qui, pour le moment, n’est pas donné à tous. 

Benjamin LIPAWING

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