Dimanche prochain, les électeurs français iront aux urnes pour le second tour des élections législatives.
Sauf cataclysme improbable, le parti du Président Emmanuel Macron, la République en Marche obtiendra la majorité absolue à l’Assemblée Nationale. Les commentateurs et les observateurs n’ont pas assez de mots pour décrire le chamboulement, le bouleversement, le big-bang en cours dans le paysage politique français. L’effet ou la poussée de la fusée Macron ont littéralement dynamité les anciens partis politiques, de droite comme de gauche. Aucun n’est épargné. Un coup d’œil dans le rétroviseur suffit amplement pour prendre la mesure des dégâts causés par le Tsunami Macron : tristesse, désolation, champ de ruines. La recomposition voulue par le nouveau Président passe par la décomposition des anciens appareils. l A droite et au centre, il y a quelques mois seulement, au début de cette année, ils en étaient déjà à la répartition des postes tant la victoire de François Fillon était certaine à l’élection présidentielle. Après la cuisante défaite de leur candidat, éliminé dès le premier tour, les militants, les électeurs et les responsables n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Comme si leur douleur n’était pas déjà assez vive, voilà que la désillusion et la débâcle des élections législatives viennent remuer le couteau dans la plaie encore toute béante et saignante.« La primaire nous a tués » disent en chœur les cadres de la droite et du centre pour expliquer ou justifier cette avalanche de catastrophes – et de casseroles – électorales. En effet, jusqu‘en 2012, à droite, le Chef du parti était le candidat naturel à l’élection présidentielle. La pression démocratique et le mimétisme obligent, la droite a voulu changer son ADN et «singer» les socialistes et les Américains en organisant des primaires. Et voilà le résultat! Une bonne cure d’opposition en perspective.l A gauche, la déflagration est encore plus puissante et la défaite plus cuisante. Le Parti socialiste est atomisé ; en miettes. En 2012, les socialistes contrôlaient tout ou presque: la Présidence de la République, la majorité à l’Assemblée Nationale, le Sénat, les Régions, les grandes villes. Ils viennent de tout perdre. A qui la faute ? Beaucoup pointent un doigt accusateur sur François Hollande. Le pauvre!Mais il est inutile de chercher des boucs émissaires ailleurs : un Parti qui réussit le tour de force d’empêcher le Président de la République en poste, issu de ses rangs, de se représenter ne peut s’en prendre à personne d’autre qu’à lui-même. Il a fini par succomber à ses propres instincts suicidaires. Le PS s’est fait harakiri, victime de ses querelles intestines, emporté par ses divisions idéologiques, usé et terrassé par la guérilla menée de l’intérieur par les frondeurs. La gauche était au pouvoir, elle avait presque tous les pouvoirs. Elle n’a plus rien parce qu’elle a mal géré le pouvoir dont on n’apprécie mieux la saveur que lorsqu’on l’a perdu!Avertissement sans frais à tous les responsables et militants des partis politiques exerçant le pouvoir, d’ici ou d’ailleurs. Les égarements individuels, les aventures et les démarches égoïstes finissent toujours, si l’on n’y prend garde, à avoir des conséquences collectives. A la fin, lorsque tombe le verdict des urnes, tout le monde a perdu. C’est cet avertissement, doublé d’un conseil, que Paul Biya avait lancé au cours de la conférence de presse restée célèbre à l’occasion de la visite de François Hollande au Cameroun en juillet 2015 : «ne dure pas au pouvoir qui veut mais qui peut». A méditer.
Christophe MIEN ZOK