En bon anglais, on parlerait de bashing. En bon français on utiliserait volontiers les termes matraquage, lynchage.
En bon anglais, on parlerait de bashing. En bon français on utiliserait volontiers les termes matraquage, lynchage. Quelle que soit la langue, la réalité est la même: depuis plusieurs mois, le Cameroun est régulièrement pilonné au mortier sur les antennes de Radio France Internationale et accessoirement dans les colonnes de Jeune Afrique.
1 – Avec la «Radio Mondiale«, les relations ont toujours été en dents de scies, voire tumultueuses. Les correspondants successifs de Radio France Internationale au Cameroun peuvent en témoigner. Il faut dire que plusieurs raisons militent pour cette défiance réciproque. Le Cameroun est un pays au nationalisme pointilleux voire ombrageux et ses dirigeants, le Président Biya en tête, sont connus comme des « taiseux». On peut compter sur les doigts d’une seule main le nombre d’interviewes que Paul BIYA a accordées en 35 ans de pouvoir aux chaînes de France Média Monde (TV5, France 24, RFI). Une telle attitude n’est pas de nature à faciliter les relations. Conclusion : contrairement à de nombreux Chefs d’Etats africains prêts à toutes les compromissions pour cinq petites minutes d’entretien, le Président Camerounais est un « mauvais client». De là à imaginer des mesures de rétorsion contre le Cameroun, il n’y a qu’un…pas. Que de nombreux observateurs franchissent allégrement. Avec raison. En effet, le traitement de l’actualité camerounaise sur Radio France Internationale se fait presque toujours à charge et cible des sujets en violation de la législation et du consensus national à l’instar de l’homosexualité ou du terrorisme. Depuis l’interpellation et la condamnation de son correspondant en langue haoussa au Cameroun, Radio France Internationale est passée à la vitesse supérieure et ne retient plus ses coups. Tous les prétextes sont bons pour matraquer le Cameroun sur ses antennes : la crise anglophone, la suspension d’internet… Pour défendre son correspondant «innocent et victime d’un procès injuste», la Radio Mondiale traduit le Cameroun au tribunal médiatique au mépris de toutes les règles du journalisme et des conventions en matière de respect de la souveraineté et de l’indépendance des Etats. Comme en France, la justice camerounaise peut également être indépendante.
En cette journée Internationale de la liberté de la presse, cette actualité mérite une profonde réflexion: la liberté de la presse est-elle au-dessus de la sécurité d’un pays souverain ? Question subsidiaire: le correspondant d’un média International dispose-t-il d’une quelconque immunité en dehors de la protection qu’offrent les conventions, et les traités entre Etats ?
Pour sa part, sans se laisser influencer par les pressions de toutes sortes, la justice camerounaise, souveraine et indépendante, a rendu son verdict et condamné le correspondant de Radio France Internationale au regard des preuves dont elle disposait. Si l’autorité de la chose jugée a la même définition et la même signification sur tous les continents, alors le procès médiatique intenté contre le Cameroun depuis plusieurs mois n’a pas lieu d’être. Des voies de recours existent : il faut les suivre et les exploiter jusqu’ ‘au bout.
2 – Quant à Jeune Afrique, les ressorts et les racines du ressentiment plongent plus ou moins dans le même terreau que ceux de Radio France Internationale déception, frustration, sentiment de négligence dû à un manque de reconnaissance de la part d’un Paul Biya distant et peu porté sur la connivence et les interviewes de complaisance. Pour autant, ces arguments suffisent-ils pour désigner tout un pays à la vindicte médiatique et pour noircir son image ? Question soumise à la méditation de ces reporters qui ont tendance à devenir des supporters des causes inavouées et inavouables.
Christophe MIEN ZOK