Cela pourrait s’apparenter à un revirement spectaculaire ou simplement à une prise de conscience certes tardive, mais utile et nécessaire.
En l’espace de quelques jours, deux partis de l’opposition camerounaise représentés à l’Assemblée Nationale, ont soufflé chacun sur leur quart de siècle d’existence. L’un, le Social Democratic Front (SDF), surfant sur ses vingt-six ans et l’autre, l’Union Démocratique du Cameroun (UDC), marquant un temps d’arrêt sur ses vingt-cinq ans. Dans un espace politique composite et soumis au doute, cette longévité et cette constance sont au moins le signe d’une vitalité interne qui atteste de la pertinence des options de base et l’orientation politique qu’ils se sont données. Même si le lustre d’antan, la vigueur de jadis et les slogans vengeurs ont pris quelques rides et de la mollesse, leur présence continue sur la scène politique nationale est la preuve que la démocratie voulue et promue par le Président Paul Biya est irréversible et se consolide au jour le jour, malgré les épreuves et le temps qui passe.
Bien que le ton sarcastique ponctué de déclarations tonitruantes soient encore de mise et émanent des extrémistes de tous bords, le sentiment général est à la modération. Repli tactique ou le début de la sagesse ? Le temps, maitre de tout nous le dira et les analystes politiques nous expliqueront les nouvelles postures de ceux qui, hier encore, se voulaient en marge de l’évolution du monde. Certains cadres de ces partis, et principalement leurs dirigeants, ont aujourd’hui intégré et accepté les principes de la démocratie participative, faite de compromis et de dialogue, et surtout empreinte de convivialité et de fraternité. Comme si soudainement chacun aura enfin compris que le plus important c’est le Cameroun, notre pays qui compte, au-delà des individus et des particularismes politiques. Le temps et certainement l’environnement national et international auront permis à ces leaders de comprendre, qu’habitant un seul bateau, ce qui importe, c’est l’avancée du navire Cameroun vers une destination commune, chacun pouvant emprunter des voies différentes. Le bien-être des Camerounais et du Cameroun devrait être la priorité de tous les hommes politiques. Cette recherche de la prospérité se décline en programmes et projets politiques que les partis politiques sérieux et fonctionnels élaborent et soumettent à la sanction du peuple à travers le suffrage universel régulier crédible et transparent, telle que c’est la pratique au Cameroun sous le Renouveau.
Mais pour faire la démocratie, pour organiser une saine compétition il faudrait des adversaires politiques crédibles, structurés, conscients de leurs missions et de leurs rôles convaincus des projets de sociétés qu’ils veulent présenter à la sanction du peuple. Loin de tout amalgame, de discours creux et oiseux et des slogans haineux et sectaires.
En cela, une formation politique n’est pas un ramassis de personnes turbulentes et inconstantes. C’est des hommes et des femmes unis par une ambition commune, celle d’offrir au peuple et au pays une alternative économique, politique et sociale qui garantit le progrès, le développement et la prospérité du pays. C’est une tâche ardue, réfléchie, pensée et qui dénote de la crédibilité des hommes et des femmes politiques, de l’opposition et du pouvoir, du RDPC comme de l’UDC ou du SDF, et bien d’autres partis responsables.
En adoptant une attitude républicaine face à l’agitation de certaines formations politiques et de certains membres de la société civile, les dirigeants de ces deux formations représentées à l’Assemblée Nationale, se concentrent et se préoccupent sur ce qui est essentiel pour tout parti politique : être toujours prêt à conquérir le pouvoir dès lors que se présente la moindre occasion (élection, anticipée ou pas, référendum et autres). Bref, nettoyer devant sa porte avant de se préoccuper de ce qui se passe chez le voisin. Les appels à candidature des militants du RDPC en faveur de Paul Biya devraient inciter les autres à faire de même pour leurs candidats au lieu de susciter une vague d’indignations et de réprobation chez certains, alors qu’ils ne sont en rien concernés. C’est ce que Messieurs Ndam Njoya et Fru Ndi ont bien compris. Et c’est tant mieux pour eux et le pays.
Par Benjamin Lipawing