C’eut été un conclave du Vatican destiné à l’élection du Pape, on aurait dit que la fumée blanche est enfin sortie.
Mais vendredi dernier 2 octobre de l’an de grâce 2015, il ne s’agissait pas de la fin d’un conclave mais de l’épilogue d’une longue attente. Depuis 2013 et la fin des élections sénatoriales, municipales et législatives, les Camerounais attendaient un nouveau gouvernement. Ils étaient d’autant plus confortés dans cette attente que le 31 décembre 2013 dans son discours de fin d’année, et dans un style dont il a seul le secret, Paul Biya écrivait les premiers mots de la chronique d’un remaniement annoncé. Le suspense aura duré presque deux ans, tenant le peuple en haleine et alimentant dans la presse un feuilleton haletant et plein de rebondissements. Au final, tout le monde a eu tout faux. Tous à côté de la plaque !
Dans un scénario digne d’Alfred Hitchcock, le maître du suspense, Paul Biya a pris tout son monde par surprise. Le remaniement souhaité, annoncé ou redouté a débouché sur un réaménagement plus que technique.
L’événement dans le sérail ce vendredi 2 octobre 2015, c’était la réunion de lancement des opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du Rdpc au Palais des congrès. Réunion très courue. Et pour cause l’échéance, c’est-à-dire le renouvellement, était attendue depuis…2007, soit huit ans. C’est donc ce grand jour consacré au lancement du processus de renouvellement que Paul Biya a choisi pour procéder au réaménagement du gouvernement. Le bon mot de Jean Nkuété, Secrétaire général du Comité central du Rdpc qui, empruntant à la démographie, parlait du vendredi comme « jour de dispersion et non de concentration », garde tout son sens. Heureusement pour lui, la réunion qu’il présidait s’est achevée un peu avant 14h. Et le décret est tombé peu après 17 heures. Dans les chaumières, la rue, les quartiers et les bureaux, il y a eu à la fois concentration chez les promus et les maintenus – mais aussi dispersion – chez les partants. Et quelle explosion ! De joie, de surprise ou de colère, peu importe ! Après l’explosion, l’éclosion ! Choisir de procéder au réaménagement du gouvernement en plein renouvellement des bureaux des organes de base ne peut relever du hasard. Dans l’un et l’autre cas, il en ressort la nécessité pour le Parti et le gouvernement de procéder en ce moment à un renouvellement des effectifs.
Renouvellement, réaménagement ; synonymes d’une même réalité liée au cycle normal de la vie et à la recherche de la performance. Depuis 2007, les responsables des organes de base, malgré des qualités avérées, ont montré leurs limites. Depuis 2011, le gouvernement de la République, en dépit de nombreux talents, a étalé des divisions, des cas d’insubordination, d’indiscipline et des approximations. Depuis deux ans, il a surtout « brillé » par un attentisme préjudiciable à l’efficacité et à la recherche des résultats.
Les ajustements opérés par le président de la République sur proposition du Premier ministre, chef du gouvernement, permettent-ils d’espérer des résultats probants à l’avenir ? Difficile de se livrer à un pronostic, mais les changements impulsés à eux seuls devraient suffire à relancer une machine quelque peu grippée. A l’aune de ce constat, les profils individuels (re)présentent un intérêt relatif. A quoi cela sert-il d’avoir des talents s’ils ne regardent pas tous dans la même direction ; s’ils ne pratiquent pas le jeu en équipe ? Un bon collectif vaut mieux qu’une juxtaposition de talents, fussent-ils les plus brillants. Ce qui importe ici, c’est la dynamique, la coordination et l’animation de l’équipe. Aussi, peut-on se réjouir de voir l’autorité du Premier ministre, Chef du gouvernement, sortir renforcée de ce mouvement.
En tout état de cause, qu’il s’agisse du réaménagement du gouvernement ou du renouvellement des bureaux des organes de base, les objectifs recherchés restent les mêmes : un nouveau souffle, un nouvel élan pour plus de solidarité, d’efficacité et de cohésion. Ainsi va le cycle de la vie, valable aussi bien pour les êtres humains que pour les institutions, les associations et les organisations.
Dans la solitude de l’exercice du pouvoir, et de manière discrétionnaire, Paul Biya, auréolé de la grâce d’Etat, a choisi les hommes et les femmes de la nouvelle équipe gouvernementale. Les commentateurs n’hésitent pas parler de sanctions. Soit. Ici, il a procédé à quelques corrections. Là, il règle des cas d’injustice. Le tout en respectant les grands équilibres. De manière collective et démocratique mais chacun en son âme et conscience, les militants et sympathisants du Rdpc sont appelés à élire dans les prochains jours les nouveaux responsables des bureaux des organes de base. Souhaitons-leur d’être en état de grâce et d’avoir la main heureuse. Il n’y a de richesse que d’hommes (ou de femmes). Plus que jamais le cap est mis sur 2018 et sur l’Emergence.
CMZ