Hasard du calendrier ? Signe du destin ? Ou simple coïncidence ? Peu importe : toujours est-il que la visite d’amitié et de travail que le Président de la République Fédérale du Nigéria effectue à partir de ce matin au Cameroun survient dans un contexte particulier.
En l’espace de deux semaines, le Cameroun a enregistré cinq attentats-suicides sur son sol, pour un bilan d’une centaine de morts et autant de blessés. La « vraie » guerre asymétrique commence maintenant car depuis les affrontements entre les forces de défense camerounaises et les assaillants de Boko Haram, les pertes, côté camerounais, n’ont pas atteint ce niveau.
En changeant de stratégie et en optant pour la lâcheté à travers les attaques-kamikazes, Boko Haram veut répandre la terreur.
Il ne faut surtout pas céder à la psychose et à la panique. Du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, les Camerounais doivent résister à la barbarie et à la sauvagerie que Boko Haram veut nous imposer. Comment ? Non pas à coups d’incantations ou de lamentations. On ne luttera pas contre cette engeance terroriste avec de l’hypocrisie. La bataille, qui sera longue, se gagnera sur tous les fronts : avec les dirigeants et les institutions, mais aussi avec le courage et l’implication du peuple. Certes, chaque attentat-suicide entraine des pertes en vies humaines. Chaque victime innocente de ces kamikazes est une victime de trop. Mais chaque goutte de sang versée par ces vampires des temps nouveaux doit fertiliser le terreau sur lequel se construit le front de notre résistance collective.
Le Cameroun découvre, hagard et hébété, la face hideuse du terrorisme sur son sol. Cependant, s’il donne l’impression de plier, le Cameroun ne rompt pas. Il ne capitule pas. Il ne se rend pas. Il ne prend pas la fuite. Il fait face. Il résiste. Il reste débout. Avec courage et détermination.
Comme Ahidjo et Gowon qui s’étaient donné la main pour vaincre la sécession biafraise ; comme Biya et Obasanjo qui ont su tourner le dos à la guerre (de Bakassi) au profit de la paix ; Biya et Buhari doivent gagner cette guerre contre le terrorisme. Dans cette bataille, le Cameroun et le Nigéria ne sont pas face à face, mais côte à côte avec un ennemi commun dans le viseur : Boko Haram et ses disciples illuminés qui répandent la terreur au Nigéria, au Tchad, au Niger et au Cameroun.
Dans cette bataille, les Etats ont un rôle important à jouer. En cela, la rencontre au sommet entre Paul Biya et Muhammadu Buhari constitue une belle et réelle opportunité pour le renforcement de la coopération militaire et sécuritaire entre les deux pays.
Toutefois, les peuples et les populations des deux Etats doivent également être mis à contribution. Les kamikazes sont issus des familles ; ils vivent dans le peuple. Et c’est dans les familles et au sein du peuple qu’il faut les neutraliser.
Autrement dit, dans cette guerre totalement asymétrique contre le terrorisme, la victoire dépend aussi bien du sommet que de la base ; des dirigeants, mais aussi des populations. Le danger est partout et nulle part à la fois ? La riposte doit également être partout et nulle part. Les attentats kamikazes ont beau détruire les corps de quelques compatriotes, ils ne détruiront pas l’âme de la résistance et l’esprit de la révolte qui sommeillent en chacun de nous. Le terrorisme ne passera pas. Nous résistons. Nous résisterons. Et nous vaincrons.
Par Christophe Mien Zok