Discrète et efficace, la diplomatie camerounaise qui s’appuie sur des relations irréprochables de bon voisinage, a glané quelques étoiles le 18 avril 2013, à travers la libération des otages français détenus au Nigeria.
Une joie peut en cacher une autre. La libération de la famille des sept otages français enlevés à Dabanga dans l’Extrême-Nord du Cameroun, a suscité joie et satisfaction tant pour les ex-otages, notamment après deux mois de captivité au Nigeria et des moments très durs, que pour le gouvernement français, soucieux du sort de ses ressortissants. Mais c’est bien le Cameroun, terre d’hospitalité et pays de paix, de tolérance et de stabilité, qui en l’espèce n’a ménagé aucun effort pour aboutir à ce résultat, qui s’en tire avec un satisfecit total. En effet, même si officiellement rien n’a filtré sur les conditions de libération de ces otages, il n’en demeure pas moins vrai que plusieurs facteurs ont contribué à l’heureuse issue de cette affaire. D’abord, la diplomatie camerounaise encadrée par des principes sacro saints entre autres, le règlement pacifique des différends qui proscrit tout recours à la force, la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat, la coopération internationale avec en toile de fond, un accent particulier sur la préservation de bonnes relations avec les Etats voisins dont le Nigeria. C’est dans ce cadre que s’est effectuée la réaction discrète et efficace du gouvernement Camerounais à l’enlèvement des sept otages français sur son territoire. En recevant la famille Moulin-Fournier au palais de l’Unité le 19 avril 2013 après leur libération, en présence du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, le Président Paul Biya a salué l’offensive diplomatique : « L’heureux dénouement de cette affaire est incontestablement le fruit d’une coopération exemplaire entre les gouvernements français, nigérian et camerounais », a-t-il déclaré. Et d’ajouter, « Leurs services ont fait preuve d’une remarquable efficacité et de beaucoup de discrétion ». Mais l’intérêt du chef de l’Etat camerounais pour la paix et la stabilité à l’échelle continentale et internationale a conduit Paul Biya à pousser la réflexion plus loin : « Les problèmes de sécurité que connait notre continent ne peuvent être réglés que par une étroite collaboration au niveau international », précise-t-il.Ensuite, l’équation personnelle du président Paul Biya. Depuis son accession à la magistrature suprême, le président Paul Biya a fait de l’option pacifiste et du respect de la légalité internationale, l’une des priorités de sa politique. Preuve, le Cameroun n’a jamais servi de base à aucune organisation terroriste, encore moins de piédestal pour les mouvements rebelles qui menacent les gouvernements légaux dans son voisinage. Par ailleurs, dans le litige qui a opposé le Cameroun à son voisin Nigérian sur la délimitation de leurs frontières terrestre et maritime, le président Paul Biya a privilégié le règlement judiciaire (matérialisé par l’arrêt de la Cour internationale de justice du 10 octobre 2002 et l’accord de Greentree) à l’usage de la force. Ce qui, de l’avis de nombre d’observateurs, a eu pour conséquence de garder, malgré quelques désaccords, ses rapports harmonieux avec le Nigeria qui compte une très forte colonie au Cameroun. C’est tout naturellement cette atmosphère de confiance et de collaboration entre les deux voisins qui a facilité les négociations et les contacts tous azimuts, en vue de la libération des otages français. Un véritable succès diplomatique pour l’homme du Renouveau qui n’a pas laissé les autorités françaises indifférentes. Le président camerounais « a vraiment engagé tout ce qui était possible de faire en plein accord, en pleine coopération, en pleine collaboration avec la France », a souligné François Hollande, président de la République de France.Rappelons que la mésaventure des otages français enlevés au Cameroun ne déteint pas sur l’image du Cameroun qui reste non seulement un ilot de paix dans une sous-région en proie aux tumultes, mais incontestablement au regard de son riche potentiel naturel, une destination touristique (avec plus de 817 000 touristes en 2012, selon le ministère camerounais du Tourisme et des Loisirs) qui continue d’attirer les otages d’hier : « Je suis très heureux d’être de retour en France, c’est un grand moment. Après, on retournera au Cameroun », a déclaré Tanguy Moulin-Fournier sur les antennes de France 2. Avant d’ajouter, « C’est un super pays, ça fait deux ans qu’on y habite, on a nos amis, on a nos frères ». Des atouts que le président Paul Biya entend préserver : « Je tiens à ne ménager aucun effort pour que le Cameroun demeure une terre d’hospitalité, de tolérance, de stabilité et de paix ».