Le choix du RDPC d’isoler politiquement l’UDC dans la région de l’Ouest lors des sénatoriales, au point de voter pour le SDF, est pour le moins salutaire pour la République.
Les lampions se sont éteints dimanche dernier sur le scrutin devant aboutir à la mise sur pied du tout premier Sénat au Cameroun. Depuis la fermeture des bureaux de vote, les différentes commissions mixtes électorales sont à pied d’œuvre. Le processus de décompte et de recensement général des votes suit son cours aux niveaux régional et national. Suivra dans un délai maximal de quinze jours, la proclamation officielle des résultats, laquelle relève de la compétence exclusive de la Cour suprême, siégeant comme Conseil constitutionnel.Ce même Conseil constitutionnel, on s’en souvient, invalidait les listes de certains partis politiques dans certaines régions, dont celle du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) dans les régions de l’Adamaoua et de l’Ouest. Passés les instants de surprise, d’étonnement et même d’hésitations, le parti de Paul Biya a « pris acte de l’invalidation de ses listes », appelé ses conseillers municipaux de la région de l’Adamaoua à « voter en leur âme et conscience », alors que les grands électeurs de la région de l’Ouest recevaient la consigne de voter pour le SDF. Fait inédit. Dans un communiqué signé le 12 avril du Secrétaire à la communication, Jacques Fame Ndongo, le Secrétaire général du Comité central du RDPC, Jean Nkuété, attribuait les raisons de ce choix que certains analystes qualifiaient déjà de contre-nature au fait que le parti de Fru Ndi présentait « une liste sociologiquement équilibrée et conforme aux valeurs républicaines de rassemblement, d’intégration nationale et d’équité que prône la charte du Parti et promeut le Président national du RDPC ». Ce qui correspondait le mieux à la vision politique du Rdpc qui est un parti de rassemblement, de justice, d’équité et d’équilibre, qui promeut l’épanouissement et la visibilité sociopolitique de toutes les ethnies, de toutes les tribus, de toutes les confessions et de toutes les couches socioprofessionnelles.A l’évidence, des deux listes restantes (celles du SDF et de l’UDC) après l’invalidation de celle du RDPC, le choix était vite fait. « Comment peut-on constituer une liste de candidats à l’élection sénatoriale du 14 avril 2013, la toute première de notre histoire politique et institutionnelle, avec cinq candidats titulaires, issus d’une seule tribu (les Bamoun), un candidat Tikar du Noun de mère Bamoun et un candidat certes, originaire de Batié, mais vivant dans le Noun? », s’offusquait le ministre Fame Ndongo sur les antennes de la Crtv. Et encore, le secrétaire à la Communication du RDPC n’a pas voulu enfoncer davantage le parti de Ndam Njoya qui, en fait, aligne allègrement 10 candidats sur 14 ayant des liens avec un seul département ? Comment oublier la déclaration du Président Paul Biya à Bafoussam en 1991, lorsqu’il disait que le Cameroun se fera avec l’Ouest ou ne se fera pas, ou encore l’Ouest est un trésor culturel. Comment préserver ce trésor culturel et promouvoir cette belle et dynamique région en valorisant un seul département sur huit?La géographie politique dans la région de l’Ouest présente une situation où le RDPC contrôle 29 communes ; l’UDC 08 et le SDF 03. Dans cette configuration, le RDPC ayant été éliminé, l’UDC aurait sans doute remporté la totalité des sièges et l’Ouest qui ne serait ainsi représentée au Sénat que par des Bamoun. Au vu de cela, tout porte à croire que même si les conseillers municipaux RDPC n’avaient pas reçu de consigne de vote, ils auraient opté pour une posture solennelle républicaine inspirée des idéaux que prône et applique le Président Paul Biya, à savoir l’équité et l’unité. Eux qui auraient sans doute compris comme Jean Nkuété, que « dans les régions où le RDPC ne prend pas part au scrutin, l’intérêt du parti est finalement d’encourager les formations politiques dont les pratiques et le fonctionnement se rapprochent le plus du modèle républicain ».
Serge Williams Fotso