Déclenché par la convocation du collège électoral, le processus dont l’issue devrait être connue aux alentours du 29 avril 2013 est passé par toutes les étapes prévues par le code électoral.
Tout a commencé par la décision du président de la République, maitre du calendrier politique, d’organiser les élections sénatoriales, comme promis, en 2013. Il a de ce fait convoqué le collège électoral, le 28 février, exactement dans les conditions prévues par le code électoral. Le même jour, il fixait le montant de l’indemnité à accorder aux conseillers municipaux pour leur permettre de faire face aux dépenses occasionnées à l’occasion de leur déplacement, de leur lieu de résidence habituelle, vers les bureaux de vote situés dans les chefs-lieux de départements.Ces deux décrets présidentiels déclenchaient ainsi le processus en cours, et mettaient le pays en branle, puisque l’étape suivante était la déclaration de candidature. Une véritable course contre la montre, puisque les partis politiques avaient jusqu’au 14 mars pour déposer les listes complètes des candidats investis par leurs soins à Elecam. Ce laissait finalement très peu de temps aux partis intéressés de laisser la base choisir, ne serait-ce que dans le cadre d’une présélection, leurs candidats, les obligeant à procéder directement aux investitures. Malgré le temps relativement court, le Rdpc s’est cependant distingué des autres, en laissant la latitude à chaque militant qui le souhaitait, de faire acte de candidature en vue de la sélection finale. Le parti a de ce fait reçu en tout 65 listes comportant 910 postulants à la candidature, parmi lesquels il a dû choisir 70 candidats titulaires et autant de suppléants. Puis, ce fut le tour d’Elections Cameroon (Elecam) pour examiner les 40 listes des candidats reçues des partis politiques. Au terme des travaux de la session de plein droit du conseil électoral tenue le 20 mars, la sanction tombe comme un couperet : 23 listes sont disqualifiées, dont 04 du Rdpc et 17 validées. Les causes de ce rejet massif sont multiples : inéligibilité de certains membres des listes, dossiers incomplets ou irrégulièrement constitués, défaut de qualité pour présenter des candidatures au nom d’une formation politique, non-respect de la composition sociologique d’une région ou du genre par des listes, listes incomplètes, etc.Candidatures rejetéesContestant cette disqualification des listes, les partis politiques concernés inondent le conseil constitutionnel de recours. Le greffe de la cour suprême qui statue en lieu et place du conseil constitutionnel en reçoit en tout 15, dont 14 souhaitant la réhabilitation des listes rejetées et un demandant la disqualification d’un candidat. La haute juridiction tranche finalement le 28 mars. Comme la décision d’Elecam, le verdict de la cour suprême produit l’effet d’une bombe : la disqualification de toutes les listes incomplètes, irrégulièrement constituées, ou dont les candidats n’avaient pas produit les pièces exigées ou en la forme requises, est confirmée. 12 recours sont concernés, dont 02 du Rdpc concernant les régions de l’Ouest et de l’Adamaoua. Dans les rangs du parti au pouvoir, la frustration est grande, mais pas totale, puisqu’il obtient tout de même l’autorisation de remplacer les candidats frappés d’inéligibilité sur les listes des régions de l’Est et de l’Extrême nord. Le Rdpc, parti républicain et respectueux des lois et de la justice, se plie au verdict de la cour suprême. Comme il l’a toujours fait.Deux jours après, c’est le lancement de la campagne électorale. Les candidats et les partis politiques en lice se déploient sur le terrain et dans les médias, chacun bénéficiant d’une tranche d’antenne à la télévision et à la radio publiques. La machine du Rdpc, très allégée à cause du collège électoral assez réduit, investit les quatre coins du pays, y compris les régions dans lesquelles ses listes ont été disqualifiées. Il s’agit ici d’expliquer aux militants du parti dans ces zones qu’ils ne sont pas abandonnés du fait de la non-participation de leurs militants à ce scrutin, de les maintenir mobilisés pour les échéances électorales futures et de donner les consignes de vote.Dans les autres régions où le parti est en compétition, c’est le corps à corps, le contact direct avec les conseillers municipaux, quel que soit leur bord politique. Il s’agit de les convaincre de la nécessité de voter pour les listes du Rdpc. L’adversaire en fait autant, puis qu’il n’hésite pas à venir chasser dans les conseils municipaux entièrement acquis au parti de Paul Biya. La campagne se déroule sans heurt, sous le regard vigilant d’Elecam et du conseil national de la communication qui n’hésitent pas, en cas de non-respect de la loi, de rappeler les uns et les autres à l’ordre ou à sanctionner. Le 14 avril, le scrutin se déroule dans le calme, sans incident majeur. Les candidats, les partis politiques et observateurs nationaux et internationaux l’admettent. Certaines formations politiques relèvent tout de même certains faits qu’ils considèrent comme constitutifs d’irrégularité et font connaître leur volonté d’en saisir le conseil constitutionnel. L’ouverture du contentieux électoral ainsi annoncé est attendue dans les prochains jours.
Longin Cyrille Avomo