En voulant absolument dresser l’opinion publique contre le pouvoir qu’il vient tout juste de quitter, pour se venger de ses déboires judiciaires, Marafa Hamidou Yaya se compromet chaque jour davantage. Prenant le risque de la vulgarité.
Pendant les 17 années qu’il aura passées dans les plus hautes sphères de l’Etat, Marafa Hamidou Yaya, l’ex Sg/Pr, ex Minatd et ex- conseiller spécial du président de la République est parvenu, grâce aux qualités que personne ne peut lui dénier, à imposer respect et considération. Il a même fini par faire son entrée dans le cercle très fermé de ceux que d’aucuns ont appelés les “hommes d’Etat” au Cameroun. Entendez ceux qui sont susceptibles de prendre un jour les rênes du pouvoir de notre pays. Mais depuis son incarcération à Kondengui pour détournement de deniers publics et le début du spectacle qu’il offre au monde à travers ses lettres ouvertes, son image déjà passablement écornée par l’affaire Albatros a encore pris un sacré coup.Selon de nombreux analystes en effet, “l’homme d’Etat” Marafa serait carrément passé, sans transition, du noble statut qu’il a habilement réussi à construire, à celui d’homme de la rue. Tellement il met un point d’honneur à divulguer, non seulement des informations qui peuvent à juste titre, être considérées comme des secrets d’Etat, mais aussi les conversations privées qu’il aurait eues avec le président de la République. Ou encore des documents purement administratifs qu’un commis de l’Etat de son envergure ne peut mettre sur la place publique sans violer ses obligations de réserve et de discrétion professionnelles- dont le respect demeure strict, quand bien même on n’est plus « aux affaires ». Ses deux lettres ouvertes au président de la République sont ainsi remplies de pseudo révélations dont le résultat est tout le contraire de ce à quoi le prince de Garoua pouvait s’attendre. Dans sa quête de sensationnel et sa volonté manifeste de paraitre comme le sage sollicité de toute part, à l’intérieur comme à l’international, mais dont les conseils n’ont jamais été pris en considération par sa hiérarchie, il a plutôt renforcé auprès du public la réputation d’une personne qui fait feu de tout bois pour se tirer d’affaire. Y compris par le chantage et la délation. Ainsi en est-il de sa tentative de faire croire que le chef de l’Etat aurait lui-même une part de responsabilité dans l’affaire pour laquelle monsieur Marafa se trouve en détention provisoire, ou que Paul Biya a personnellement instruit qu’il soit inculpé de détournement de deniers publics, que le président de la République l’aurait supplié de rester au gouvernement à deux reprises alors qu’il lui avait donné sa démission, ou enfin qu’il pourrait avoir des choses compromettantes à révéler sur la gestion de l’Etat. A la lecture de ce « déballage », la question qui revient avec récurrence est celle de savoir pourquoi Marafa Hamidou Yaya n’a-t-il pas fait ces « révélations » quand il bénéficiait encore de toute la confiance de son mentor ? Sans doute, cela aurait peut-être eu plus d’effet, venant d’un homme « du système ». Mais ces remords et cette virginité découverte sur le tard, à partir d’une cellule de la prison centrale de Yaoundé ne traduisent qu’une seule chose : l’homme qui se déclare « porteur d’un projet mettant en avant les exigences de paix et de justice permettant de bâtir une société de confiance » n’est visiblement pas à la hauteur de ses ambitions. Tout se passe comme si, chaque fois qu’il se retrouvera en disgrâce, il descendrait dans la rue étaler ses anciens compagnons, ou insulter le peuple tout entier au cas où celui-ci refuserait de le suivre.De même, l’opinion commence à se faire une idée assez précise de la personnalité réelle de l’ex Sg/Pr, à travers l’importance qu’il accorde aux ragots : un homme d’Etat qui attend les révélations de Wikileaks pour se faire une conviction sur le système judiciaire de son pays, qui fait connaître au monde entier qu’il est allé protester auprès du chef de l’Etat pour avoir entendu dire qu’un membre de la famille du président aurait écrit un mauvais rapport sur lui, ou qui se croit victime d’un complot quand la presse dite du Hilton annonce qu’il est à la tête d’une rébellion armée, pourrait tout aussi bien déclencher une guerre meurtrière contre un pays voisin, ou faire exécuter des dizaines de personnes sur la place publique sur la base de la rumeur s’il était président de la République !Toutes choses qui font dire à une autorité traditionnelle de la région du Nord, qui croyait connaître l’ex-ministre d’Etat comme son propre fils, qu’à « quelque chose, malheur est bon. En à peine deux semaines de détention, il (Marafa) a montré aux yeux du monde toutes ses limites. La plus importante à retenir c’est qu’il ne mérite la confiance de personne. Surtout pas de ceux qui, à un moment donné, se sont reconnus en lui, ou ont voulu lui forcer un destin national. D’autres, dans une situation identique, ont fait preuve de plus de dignité.» On ne peut mieux conclure.
Longin Cyrille Avomo
Longin Cyrille Avomo