Inculpé dans l’affaire « Albatros », Marafa Hamidou Yaya se trompe
volontairement de cible et de combat. Analyse d’une stratégie
minutieusement concoctée pour se dérober de la justice.
Pour le Camerounais lamda, cela ne se négocie pas. Inculpé dans l’affaire dite « Albatros » et comme tout justiciable camerounais, l’ex-ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya, actuellement écroué à la prison secondaire du secrétariat d’Etat à la défense (SED), doit répondre des chefs d’accusations qui lui sont reprochés. Mais au lieu de concentrer ses énergies sur la préparation de sa défense et réserver l’exclusivité de son argumentaire à la justice, Marafa Hamidou Yaya s’est engagé dans une logique épistolaire (il en est à la troisième lettre ouverte ndlr) qui, selon de nombreux observateurs avertis, est savamment orchestrée et vise à manipuler l’opinion nationale et internationale afin de se soustraire des mains de la justice.Il faut comprendre en la démarche de Marafa une tentative pernicieuse de l’ancien Minatd qui vise au moins trois objectifs, à savoir : conquérir méthodiquement et progressivement le leadership et la popularité dans le septentrion et au Cameroun en général, qui lui permettront de soutenir sa candidature (éventuelle) à la magistrature suprême ; jeter l’opprobre et l’anathème sur des institutions et un système avec lequel il a fait corps et servi sans discontinuer au plus haut niveau pendant plus de 17 ans ; et tirer sur la corde sentimentale pour manipuler l’opinion et se soustraire d’un procès qui est inévitable.La stratégie de Marafa consiste, primo, à conquérir le leadership dans le septentrion. On se souvient fort opportunément du tapage que l’ancien ministre avait fait organiser à Garoua, deux mois jour pour jour après son limogeage du gouvernement. Il n’y a que les naïfs qui n’avaient pas compris qu’il s’agissait là de la bataille pour la conquête du leadership dans la très convoitée Bénoué. L’objectif inavoué étant de tenter de séduire le septentrion et partant se faire une popularité qui puisse soutenir, à défaut de légitimer sa candidature qu’on voyait déjà se dessiner pour la magistrature suprême.Et l’ex-minatd de le confirmer quelques mois plus tard (le 2 mai) dans sa lettre ouverte au président de la République: « Je suis porteur d’un projet mettant en avant les exigences de paix et de justice permettant de bâtir une société de confiance. D’autres Camerounais sont certainement porteurs d’autres projets. Il me semble naturel et sain que le moment venu, chaque prétendant à la magistrature suprême, soumette son projet, l’explique et le défende devant nos compatriotes qui, à travers une élection libre et transparente, choisiront celui ou celle qu’ils voudront mettre à la tête de l’Etat ».Secundo, les Camerounais sont surpris de la conception à géométrie variable du fonctionnement des institutions de la République, un système que Marafa Hamidou Yaya a servi aux plus hautes fonctions pendant 17 ans sans discontinuer. Il s’agit, selon la démarche « Marafaienne », de jeter l’anathème sur un système devenu subitement abject. L’ancien minatd va jusqu’à accuser ouvertement le juge chargé d’instruire son affaire de tentative de corruption. « Ce juge d’instruction était venu me voir de son propre chef et, avec instance, m’a sollicité pour que nous nous « arrangions » afin qu’il instruise le dossier dans un sens qui me serait favorable ! J’ai tout naturellement refusé sa proposition. », Dixit Marafa. Pourquoi une dénonciation aussi tardive ? Mystère.Le troisième objectif visé par le stratagème de Marafa que nous relèverons ici vise à amadouer les populations. Cela ne fait l’ombre d’aucun doute, en ciblant le président de la République et par ricochet le peuple pour adresser ses arguments, l’ex-minatd tente de manipuler l’opinion et jouer sur la corde sensible du sentiment. Pourquoi prendre le peuple à témoin en déroulant l’historique de ses turpitudes personnelles, si ce n’est dans l’espoir inavoué qu’il prenne fait et cause pour lui, qu’il s’émeuve pour lui et au besoin, qu’il agisse pour lui. Et pour ce faire le ministre d’Etat lui donne du grain à moudre, allant jusqu’à outrepasser certaines clauses de confidentialité (certes non écrites pour la plupart) qui peuvent lier un patron et son collaborateur. Du poste de conseiller spécial à celui ministre d’Etat en passant par secrétaire d’Etat, ministre et secrétaire général de la présidence etc., on se serait attendu à ce que ces hautes fonctions dans l’appareil de l’Etat inculquent à Marafa une culture de l’Etat et du service public, le sens de l’honneur. Il aurait pu éviter l’offense au chef de l’Etat. Que non ! A quand la prochaine missive ? Le peuple n’est pas dupe, ce n’est pas de ce côté qu’il faut aller chercher la planche de salut. Il (ce peuple) attend assidument que soit exigé le devoir de vérité qui s’impose à tout gestionnaire de la fortune publique.
Serge Williams Fotso
Serge Williams Fotso