Le nouveau Coordonateur du projet de construction du Complexe
industrialo-portuaire de kribi précise ici les nouveaux contours que
revêt le futur pôle d’attraction économique du Cameroun.
L’Action : Monsieur le coordonateur du projet du complexe industrialo-portuaire de Kribi, où en est-on avec l’état d’avancement des travaux ?Patrice Melom : Je voudrais dire que nous sommes passés depuis quelques temps du stade de port en eau profonde au Complexe industrialo-portuaire de Kribi. Au jour d’aujourd’hui, je puis affirmer que les travaux de construction ont commencé depuis quelques mois et sont suffisamment avancés. L’opérateur est connu et il est déjà sur le terrain. Il s’agit d’une entreprise chinoise, CHEC en l’occurrence, qui a commencé à construire la digue de protection, après avoir installé sa base bien-sûr. En même temps la mission de contrôle est aussi sur le terrain, il s’agit de l’entreprise Louis Berger, de même que l’assistant en maîtrise d’ouvrage Régis. Pour remonter un temps soit peu, je rappellerais que l’année dernière, l’entreprise Razel avait pour sa part effectué d’importants travaux de terrassement sur le site. En dehors de cela, il y a une intense activité qui n’est pas encore visible et qui consiste à réaliser d’importantes études. Il y a quelques jours, nous avons présenté le schéma directeur de la phase d’aménagement de tout le complexe, au cours d’une cérémonie qui a regroupé l’ensemble des acteurs concernés, tant du gouvernement que du secteur privé. Il s’agit d’un outil stratégique qui permet de savoir comment est-ce que nous entendons occuper l’ensemble des 26.000 Ha qui sont attribués au projet.Lorsqu’on jette un coup d’œil sur ce que vous appelez le Master plan, on se rend compte qu’il est différent du premier projet. Qu’est-ce qui en constitue la différence ?Aujourd’hui avec le Master plan nous savons exactement où est-ce que nous allons loger les différents ouvrages. En gros, nous avons une ville nouvelle qui va naître du fait du Complexe portuaire, nous avons des zones réservées aux différentes industries légères, moyennes et lourdes. Vous remarquerez que plus vous approchez de la côte, plus l’industrie s’alourdit. Puisque sur la côte nous aurons les terminaux avec toutes les autres industries, notamment l’appontement fer avec Cam-Iron, RTA avec son aluminium, etc. Nous avons des zones réservées à la relocalisation des déguerpis, nous avons un corridor qui va servir à abriter l’ensemble des dessertes routières, ferroviaires, la ligne de transport d’énergie, etc. L’objectif étant d’une part de susciter l’engagement de l’ensemble des opérateurs qui avaient déjà été sélectionnés sur place au départ et qui savent donc comment ils seront installés. D’autre part, de créer auprès d’autres opérateurs éventuels cet intérêt à venir investir sur le complexe. Et je dirais que nous avons enregistré lors de la cérémonie de présentation du nouveau plan directeur, certains opérateurs à ce sujet. Je dois préciser que vous êtes le nouveau Coordonateur du projet. Mais avant votre arrivée il était question de voir accoster le premier bateau en septembre 2014. Peut-on encore aujourd’hui, avec toutes ces mutations et cette réorganisation du projet tenir ce délai ?Nous continuons bien entendu à tenir ce délai, même s’il faut reconnaître que nous connaîtrons un très léger décalage. Mais selon notre chronogramme, le premier bateau doit effectivement accoster au port en milieu de l’année 2014.Une autre difficulté récurrente qu’a connue la construction du complexe portuaire, c’est celle liée à la relocalisation et à l’indemnisation des populations déguerpies. Comment est-ce que cela s’est géré jusqu’ici ?Pour ce qui est des indemnisations, comme il est prévu dans les procédures, en ce qui concerne le Dup (domaine d’utilité publique), il y a eu une commission qui a travaillé après avoir siégé. A l’issue de cette étape, les indemnisations ont commencé effectivement à être payées, jusqu’à ce qu’on nous demande d’interrompre à la suite de quelques problèmes. Pour l’heure, nous attendons de nouvelles instructions de la hiérarchie pour les remettre sur les rails. Je voudrais préciser que cette opération est à distinguer des problèmes de relocalisation, qui consiste pour une certaine catégorie de personne déplacées, à leur aménager des espaces où elles doivent se réinstaller. Là-dessus, le projet à la responsabilité d’aménager ces espaces, de les attribuer aux familles concernées et de leur donner un coup de main en matière de réinstallation. Je précise que ce coup de main ne saurait être interprété comme le fait de leur reconstruire des maisons clés en main. Mais le gouvernement est conscient que ces gens-là ont des difficultés, et il dispose de plusieurs leviers pour résoudre ce problème.Le 08 octobre lors de la cérémonie de la pose de la première pierre du projet, le chef de l’Etat avait fait la promesse aux riverains de ce que leur environnement ne serait pas détruit. Est-ce que le Coordonateur que vous êtes réitère cette promesse aux concernés ?Je crois pouvoir le réitérer ici, dans la mesure où justement dans le cadre des opérations de relocalisation, nous avons procédé avec tact aux identifications et nous avons tenu compte de l’environnement habituel des populations. Pour tout vous dire, les populations qui vivent du produit de la mer ont demandé à être réinstallées près de la mer. Ce qui sera effectif, tout comme ceux qui préfèrent l’intérieur. Donc nous avons tenu compte de tous ces paramètres et je puis vous assurer que les populations ne seront pas réinstallées dans un environnement différent de celui où elles vivaient jusqu’ici. Dans le cadre de cette relocalisation, on va leur attribuer des espaces pour ceux qui voudront pratiquer l’agriculture. Qu’en est-il de la nouvelle ville qui va naître, quand on sait que des préalables sont nécessaires pour sa construction.Ce que nous appelons nouvelle ville ici, il serait prématuré d’en parler. Mais je signale tout de même que nous avons délimité l’espace supposé l’abriter. Nous sommes en train d’effectuer des études pour son aménagement. Ce que je peux affirmer, c’est que nous estimons sa population entre 80.000 et 100.000 habitants. Personnellement, de quelle Cameroun rêvez-vous quand ce projet aura pris corps?Il est de notoriété publique, que le projet de construction du Complexe industrialo-portuaire de kribi compte parmi les projets phare de ce pays en ce moment. Et du point de vue des implications qui pourraient avoir dans la croissance du Cameroun, des populations du Cameroun et même de la sous-région, le projet de construction de ce Complexe industrialo-portuaire sera un atout économique non négligeable pour notre pays. Dans ce sens qu’il va booster toutes les activités économiques et ses corollaires, tout comme il est une source de résorption indéniable de la main d’œuvre pour juguler une bonne partie du chômage en milieu jeunes surtout. Je ne voudrais pas me risquer dans l’avancement des chiffres à ce sujet. Mais je voudrais simplement dire que le Complexe industrialo-portuaire de Kribi se mettra en place progressivement et par étape. Et dans ce rythme que nous pourrons solutionner ce problème de main d’œuvre camerounaise.Quelle est le message que vous adressez aux populations du département de l’Océan et partant de celles de la région du Sud pour l’accompagnement de ce projet à son terme ?En guise de message, je pourrais dire à toutes ces populations qu’il est nécessaire de prendre conscience du rôle qu’elles seront amenées à jouer dans l’environnement du Complexe portuaire. J’ai l’impression que jusqu’à ce jour, l’on ne soit pas encore tout à fait conscient de la dimension de ce projet, des implications et des opportunités qu’il induit. Je pense qu’il y en a beaucoup et ces populations de l’Océan et du Sud, notamment la tranche jeune, devrait tout faire pour en profiter au maximum. Nous sommes prêts à les accompagner dans ce sens.
Interview : William Monayong
WILLIAM MONAYONG